TUNIS, 2 juil 2010 (TAP) - Le film d'ouverture de la 46ème édition du Festival international de Carthage, "Les palmiers blessés" du réalisateur tunisien Abdellatif Ben Ammar a été projeté, vendredi, en avant-première devant la presse. Il s'agit d'une co-production tuniso-algérienne dont le rôle de l'héroïne "Chama" est interprété par Leila Ouaz qui, pour la première fois, fait son apparition sur le grand écran. Après environ dix années depuis "Le chant de la Noria" (2001), Abdellatif Ben Ammar, auteur du célèbre long métrage "Aziza" (Tanit d'or JCC 1980) revient avec "Palmiers blessés" pour raconter en s'inspirant des événements de la guerre de Bizerte (1961), le voyage de Chama en prenant le 20 décembre 1990, le train Tunis-Bizerte. Il s'agit de l'histoire de la jeune dactylo Chama dont la vie bascule après avoir rencontré l'écrivain Hechmi Abbès. Lui confiant la dactylographie de son manuscrit autobiographique sur la guerre de Bizerte, il décide juste après avoir appris qu'elle est la fille du martyr Kamel Ben Mahmoud, de rompre cette collaboration. C'est de là, que naît le besoin de comprendre, que s'accélère le doute et que s'impose la quête de vérité: la vérité historique. Signant le scénario et la réalisation, Abdellatif Ben Ammar décline, à partir de ce premier acte, dans un rythme lent mais qui s'accélère au fur et à mesure que l'enquête avance, la souffrance de Chama, qui n'a qu'un seul objectif : connaître la vérité sur la mort de son père, patriote volontaire durant cette guerre. Les événements se déroulent dans le paysage vaste et large de Bizerte qui détient, aux yeux de Chama et dans la mémoire des amis de son père "Kamel", des souvenirs vagues, amers et discrets sur une période de l'histoire dont les écrivains et historiens n'ont pas écrit toutes les pages. Toutefois, le film comporte certaines séquences qui ont agréablement surpris les journalistes. Celle où Nouri Bouzid, Nja Mahdaoui, Hammadi Ben Saad, Sghaier Ouled Ahmed, Khaled Tébourbi et Lassaad Ben Abadallah ont apporté une note de joie dans une scène où ils se sont transformés tous en des drôles d'instrumentistes. Dans cette fresque cinématographique, des clins d'oeil sont portés, à travers la forte amitié unissant Chama à un couple d'algériens (Nabila et Noureddine), sur l'histoire commune qui lie leurs deux peuples. Dans des cadrages larges ou en gros plans, Abdellatif Ben Ammar met en scène, sur un fonds de musique chargée d'émotion, une courbe de temps inexorable où la vie de chacun, -peu importe qu'il s'appelle Chama, Colette, Mourad, ou Mokhtar-, est réduite au périmètre de la mémoire. En Effet, ce film grand public n'est pas un film historique. La partie documentaire est exploitée pour défricher les conséquences des guerres sur les choix et les destins de tant d'Hommes qui cherchent à faire réellement leur deuil, comme Chama dont la guerre intérieure est entrecoupée par des images en noir et blanc hâtives et saccadées qui montrent au delà de l'horreur, les blessures qu'infligent les guerres sur les hommes, transformés en des morceaux de vies fracassés. Le 21 mars 1991, Chama a pris le train Bizerte-Tunis après avoir découvert toute la vérité sur le jour du 26 juillet 1961, le jour où elle est devenue orpheline.