Ces derniers temps, la question de la diplomatie tunisienne est revenue à l'ordre du jour des commentaires citoyens, sur fond de crise à Nidaa Tounès, avec une mise au point présidentielle sur une TV arabe et la petite mouvance des premiers responsables qui donnent l'impression de s'affairer davantage à la stratégie de conservation du poste qu'à la stratégie de développement et de dynamisation du secteur. A ce propos, la dernière déclaration du ministre des Affaires étrangères, dans le bureau politique de son parti, faisant état d'une grave accusation à peine voilée contre un autre dirigeant politique en rupture de ban, a été jugée comme une provocation, dictée peut-être, à fin d'intimidation d'un partenaire devenu un adversaire. Ainsi, à mélanger les papiers de la diplomatie avec les serviettes du parti, on n'a en main qu'un sac de torchons aux odeurs repoussantes. Il y a eu à gloser aussi, de façon indignée, sur la position tunisienne à l'égard de l'Arabie Saoudite, surtout après l'exécution d'un verdict de condamnation à mort contre 47 personnes jugées sur un conflit cultuel entre sunnites et chiïtes. Au centre du propos, il y a forcément le juste équilibre à trouver, en diplomatie, entre le besoin d'un soutien économique et l'adhésion à un système de valeurs humanistes. Là aussi, il semble difficile de sortir de sitôt de l'auberge ! La question libyenne ne manque pas de mettre en doute la perspicacité et l'efficacité de notre diplomatie à un moment où les lueurs d'espoir que certains mettent dans les derniers accords entre certaines parties du conflit ne donnent aucune assurance contre la menace daéchiste qui fonce de plus en plus à l'orée de nos frontières et qui rend probable, imminente même, l'invasion massive de notre territoire par de nouveaux vandales. La plupart des spécialistes déplorent une léthargie diplomatique certaine, à un moment où l'esprit d'entreprise et de prospection pourrait asseoir une plateforme contractuelle susceptible de préserver l'avenir en se donnant les moyens de le préparer. Et comme la diplomatie a, en plus, ses histoires de boudoirs, c'est le cas de notre ambassadeur à Paris qui fait un effet de cheveu sur la soupe. Une campagne l'a pris pour cible, dernièrement, sur facebook et nous a rappelé le tollé qui s'est levé contre son prédécesseur d'Ettakattol, pour d'autres raisons ou pour des raisons semblables. Il est reproché à l'actuel ambassadeur, lui aussi un héritage de la troïka, « de se vanter, en présence de diplomates tunisiens et étrangers, d'être en étroite relation personnelle avec l'épouse du Président de la République et que cela le met à l'abri de toute menace de destitution malgré tout ce qui se dit de son inexpérience et de sa méconnaissance des règles de la diplomatie, ce qui se raconte aussi sur ses nombreux dépassements et dilapidation des fonds publics, etc. ». Le statut publié est beaucoup plus long et très chargé subjectivement, raison pour laquelle nous ne voudrions nous y attarder plus amplement. Si besoin est, c'est aux concernés de faire ce qu'il faudrait pour répondre à ces accusations. Néanmoins, ce qui a retenu notre attention et qui nous semble à interroger, c'est la concentration appliquée sur cette question par des pages mobilisées au profit de Kamel Morjane, président d'Al-Moubada Al-Watania. C'est aussi l'approbation (« J'aime ») de ce statut par certaines personnalités proches de Nidaa Tounes et du gouvernement, comme Olfa Youssef, Hatem Ben Salem, Abdessalem Mansour, Néji Jalloul, Abdelmajid Sahraoui et Rachid Sfar, même si certaines d'entre elles ont retiré, par la suite, l'expression de cette approbation. Les auteurs de cette campagne disent vouloir attirer l'attention du président sur ce qui se tramerait dans son dos. Par ailleurs, à notre connaissance, ni l'ambassadeur concerné ni le ministère de tutelle n'a cherché à éclairer l'opinion sur la question, dans un sens ou dans l'autre. Pour tout dire en bref, il semble bien qu'un coup de balai soit nécessaire pour dépoussiérer la diplomatie tunisienne et que « plus tôt c'est fait mieux ça vaudra ».