L'Union Patriotique Libre (UPL) a enfin organisé sa première conférence de presse qui, à l'image du parti, n'a pas manqué d'être houleuse. Depuis l'obtention de son agrément au mois de juin 2011, la grande campagne publicitaire qu'a lancée l'UPL n'a pas manqué de susciter des interrogations quant aux sources de financement du parti et à la personne même de son président Slim Riahi, décrit comme «énigmatique», selon certains. D'ailleurs, M. Riahi était absent à la conférence de presse et a laissé la place à Mohsen Hassen, membre du bureau politique, pour répondre aux questions des journalistes. «Slim Riahi a des engagements hors de Tunis et ne pouvait pas assister à la conférence. Mais je vous dis que notre parti ne se représente pas par une seule personne. Tous les membres du parti peuvent parler en son nom», a-t-il tenu à dire. Déception Cependant, les journalistes venus nombreux à la conférence de presse s'attendaient plutôt à la présence du président du parti puisque les questions le concernent directement. Son parcours, ses sources de financement, ses investissements «M. Riahi est un homme d'affaires qui a tenu à investir son argent en Tunisie. Il est libre d'investir où il veut. Ceci ne doit pas interférer dans les activités du parti. Ses investissements le concernent lui seulement et c'est à lui de vous répondre», insiste M. Hassen. Des questions restées sans réponse, donc, ou plutôt des questions auxquelles il a répondu en partie dans l'interview qu'il a accordé à Nessma TV et diffusée hier soir, qui n'a pas manqué de susciter des réactions controversées Bref, la conférence de presse semblait plutôt être une occasion ratée pour l'UPL. Selon M. Hassen, son objectif était de présenter le parti et de rencontrer les médias pour la première fois. Très concis, il a daigné nous indiquer les axes du programme économique et politique du parti, qui feront, en plus du programme social, l'objet d'une autre conférence de presse. Diagnostic économique Il a affirmé qu'un diagnostic a été réalisé sur la situation économique en Tunisie, et a permis d'élaborer un plan de développement qui s'appuie essentiellement sur le renforcement du partenariat avec le secteur privé. Ceci sera concrétisé par la mise en place de caisses d'investissement pour le financement des projets à haute employabilité. Le plan comporte, également,des programmes régionaux visant surtout les régions intérieures dans le cadre de la lutte contre la marginalisation. Le système bancaire sera concerné. M. Hassen affirme qu'il s'agit de développer des banques et institutions citoyennes, consacrant une partie de ses crédits (environs 20%) aux régions intérieures. Concernant son programme politique, le parti s'engage essentiellement à la séparation entre les élections présidentielle et législatives et la mise en place d'une Cour constitutionnelle pour veiller à la bonne gestion des structures de l'Etat. Pour ce qui est des activités sociales du parti, M. Hassen a affirmé qu'il n'y a pas de mal à distribuer des aides sociales pour des gens qui en ont besoin, tant que les moyens le permettent. Des moyens qui proviennent seulement du président du parti, rassure-t-il. D'ailleurs, toutes les activités du parti sont financées de la même façon. «Je défie quiconque qui témoignerait qu'il a reçu une aide en contrepartie de son adhésion au parti. En tout cas, nous sommes prêts à toute sorte de contrôle», lance-t-il. Connaître le parti Le parti compte actuellement 120 bureaux. Le nombre d'adhérents n'a pas été annoncé, mais le responsable de l'UPL précise que des milliers de demandes d'adhésion ont été reçues. Selon lui, les chiffres exacts seront communiqués très prochainement ainsi que les listes électorales. En réponse aux accusations disant que le parti a déjà commencé sa campagne électorale en lançant une grande campagne de publicité politique, M. Hassen souligne qu'il n'en est rien. «C'est une campagne qui a été lancée dans le but de mieux faire connaître le parti, ni plus ni moins. Nous avons respecté les principes essentiels du marketing politique. Notre campagne électorale sera lancée dans les délais impartis et respectera les règles». D'ailleurs, il explique que la campagne a été conçue par une agence tunisienne de communication. Son coût sera annoncé ultérieurement «en toute transparence». Il signale qu'une boîte de communication internationale a classé l'UPL en troisième place, selon un sondage qui a concerné la notoriété des parties politiques en Tunisie. Il serait devancé par Ennahdha et le PDP De la conférence de presse, on est sorti plus avec des questions que des réponses. La transparence dont parlait M. Hassen n'a pas été tangible. L'absence de Slim Riahi a constitué un coup dur pour cette première sorti en public pour l'UPL. Espérons que la prochaine conférence de presse promise, les interrogations trouveront des réponses de la part du président du parti lui-même.