En proposant un plan d'action en vue de sortir de la crise, l'UTICA démontre qu'elle sait être positive. En mobilisant les énergies. Analyse d'un plan qui dit que tout n'est pas perdu et qui prend tout le monde à témoin. L'UTICA (Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat) s'installe-t-elle, comme nombre de composantes de la société civile, dans la seule logique de contestation ne faisant qu'établir un constat alarmiste et à taper fort sur les doigts de l'actuel gouvernement? A ceux qui peut-être le pensent, l'organisation patronale a apporté mardi 27 août 2013 une réponse on ne peut plus claire. En effet, si l'UTICA se joint depuis quelques jours au concert des voix qui dénoncent un vécu économique et social pas des plus glorieux, cela ne veut pas dire qu'elle est incapable d'être une force de proposition. Il s'agit là d'une action de communication bien réussie de la part d'une organisation qui s'impose de plus en plus comme un acteur incontournable du paysage politique mais surtout économique- tunisien. En témoignent les rencontres de sa présidente, Wided Bouchamaoui, avec tous ceux qui uvrent à résoudre la crise consécutive au martyr de Mohamed Brahmi, leader du Front populaire. A commencer par les réels détenteurs du pouvoir, les présidents de la République, de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et du gouvernement. Se situer au-dessus de la mêlée Bien plus, le plan d'action proposé par le Conseil d'administration de l'UTICA veut prendre tout le monde à témoin. De sorte qu'on ne puisse dire que la centrale patronale est restée les bras croisés face à une crise qui risque de s'aggraver. De ce point de vue, le plan d'action capitalise sur la voie qui a permis précisément à l'UTICA de s'imposer: se situer au-dessus de la mêlée en défendant l'économie nationale d'abord. Elevant de la sorte son action au rang d'une éthique. On sait que les appels lancés par l'UTICA en vue de revigorer l'économie ont fini par payer ou presque. La crise aidant, tout le monde reconnaît à Wided Bouchamaoui et à l'équipe qui l'entoure d'avoir, très tôt, tiré la sonnette d'alarme. Déjà en décembre 2012, et à l'occasion des Journées de l'entreprise, centrées sur la relance des investissements, elle avait appelé à décréter «un état d'urgence» pour sauver l'économie: faire redémarrer la croissance et pour gagner la bataille de l'emploi. La lecture du communiqué publié par l'UTICA à l'occasion de l'annonce de son plan d'action pour sortir de la crise permet quelques réflexions à ce sujet. D'abord, et à l'heure où la lassitude, voire le désespoir, gagne des pans entiers du tissu économique, avec notamment la fermeture d'usines et la baisse d'activité que cela engendre, l'UTICA dit haut et fort qu'il ne faut pas abandonner la partie. Dans cet ordre d'idées, le plan d'action dit qu'il y a moyen de renverser la vapeur. Une manière de recharger les batteries des acteurs économiques du pays. En indiquant la voie à suivre: «repositionner le travail comme valeur sociale». On sait de ce côté des choses que le Tunisien, qui n'est pas nourri à la sève du stakhanovisme*, a perdu beaucoup sur ce terrain depuis la révolution du 14 janvier 2011. «Une étude sur l'état des lieux des différents aspects économiques» Ensuite, ce discours se veut rassembleur puisqu'il cible le plus d'opérateurs que possible. En effet, un clin d'il est adressé à tout le monde: l'Etat auquel l'UTICA demande des réformes urgentes, les opérateurs étrangers qu'il faut rassurer, l'administration -dont il reconnaît le rôle de catalyseur-, et qu'il s'agit de tranquilliser les régions -pour lesquelles il faut mobiliser des fonds de 1 milliard de dinars-, les demandeurs d'emplois pour lesquels elle demande une indemnité de mobilité... Enfin, le plan que la centrale patronale souhaite engager n'est pas le fruit du hasard. Mais, il a été établi sur le base d'«une étude sur l'état des lieux des différents aspects économiques». Une manière de dire que la centrale patronale n'avance pas avec des impressions ou pour seulement, comme on peut la soupçonner, défendre les seuls intérêts de ses adhérents. Un discours qui n'en finira pas de convaincre. Car de toute manière et vu l'état de l'économie, il en faudra sans doute beaucoup d'efforts à apporter de l'eau au moulin de l'UTICA. --------------------- Lire aussi : Tunisie - Economie : Les «rémunérations publiques» ont augmenté de 47% en 3 ans Tunisie - Journées de l'entreprise : Qu'il est long le chemin de la croissance