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Tunisie - Société:
Pour une soumission de l'armée nationale au contrôle démocratique
Publié dans WMC actualités le 06 - 08 - 2014

La question d'assujettir la Grande muette au contrôle des institutions démocratiques de l'Etat et, partant, de lui conférer une plus grande transparence est devenue, de nos jours, d'une extrême urgence au regard de deux facteurs d'une extrême gravité.
Le premier consiste en les revers subis, depuis deux ans, par l'armée nationale face au terrorisme djihadiste. Une trentaine de soldats massacrés sans qu'il y ait ni combat ni réactivité.
Le second porte sur la démission, en l'espace d'une seule année et en pleine période de transition, de deux chefs d'Etat-major, les généraux Rachid Ammar et Mohamed Salah Hamdi, ce qui dit long sur la situation délétère qui prévaut au sein de cette institution républicaine.
Classée en 2014 par le Global Firepower (GFP), 66ème armée du monde sur un total de 106 pays listés, la petite armée de frontières tunisienne a toujours été crainte, depuis le coup d'Etat avorté en 1962, par les présidents qui se sont succédé, jusque-là, à la tête de l'Etat tunisien. C'est ce qui explique sa marginalisation à dessein, et ses corollaires: son évolution en vase clos sans aucune supervision institutionnelle publique, son sous-financement, son sous-équipement, et surtout son sous-encadrement perceptible à travers sa composition en grande majorité de simples soldats et d'officiers de bas grades (caporaux, sergents et adjudants).
Les présidents tunisiens ont toujours craint l'armée
Les deux coups les plus durs portés à l'armée nationale ont eu lieu au temps de Ben Ali: le décès, en 2002, dans un crash controversé d'hélicoptère à Medjez El Bab (nord-ouest de Tunisie), de treize officiers et sous-officiers, dont le chef d'Etat-major de l'armé de terre tunisienne, le général Abdelaziz Skik, et l'affaire de Barraket Essahel, une opération de décapitation de l'armée tunisienne survenue entre avril et juillet 1991. Cette dernière a touché 244 militaires soit 25 officiers supérieurs, 88 officiers, 82 sous-officiers et 49 hommes de troupe.
L'actuel président provisoire, Moncef Marzouki, n'a pas échappé à la règle. Il s'est toujours méfié de l'armée qui ne serait pas, d'après son maître, le gourou Rached Ghannouchi, acquise aux islamistes tout comme les médias et la police (comme le montre une vidéo d'une rencontre entre le gourou des salafistes datant du 12 avril 2012).
C'est cette peur des militaires qui aurait amené Marzouki à démettre de ses fonctions Rachid Ammar et à le remplacer par Mohamed Salah Hamdi.
Les deux, la marionnette et son marionnettiste, redoutaient un scénario à l'égyptienne. Reflétant cette peur bleue de la Grande muette, le porte-parole de la présidence provisoire, Adnene Mansar, est allé jusqu'à évoquer, dans une interview accordée à la chaîne de télévision Ettounsia, un coup d'Etat fomenté par plusieurs parties dont l'armée nationale. Néanmoins, ce porte-parole n'a jamais apporté, jusqu'à ce jour, la moindre preuve pour étayer ses révélations.
C'est cette peur des militaires qui aurait amené le président Marzouki à démettre de ses fonctions le général Rachid Ammar et à le remplacer par le général Mohamed Salah Hamdi dont le nom lui aurait été soufflé par l'ambassadeur tunisien en Libye, le nahdhaoui Ridha Boukadi qui aurait, selon les médias, des rapports très louches avec les djihadistes islamistes en Libye et ceux envoyés en Syrie. Le général Mohamed Salah Hamdi étant à l'époque sous ses ordres en tant que conseiller militaire.
En nommant un chef d'Etat-major de l'armée de terre à sa mesure, le président provisoire se serait permis de nommer des officiers acquis à sa cause, ce qui aurait impacté négativement le rendement de l'armée dans sa lutte contre le terrorisme.
Qui doit gouverner l'armée
Les choses ont bien marché pour le président provisoire au temps où les deux têtes de l'exécutif étaient en parfaite osmose: Ali Larayedh, chef de gouvernement nahdhaoui, et lui-même chef suprême des forces armées.
Avec l'avènement du gouvernement de Mehdi Jomaa, les choses ont changé… il n'y a plus d'harmonie avec la présidence provisoire.
Car la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics (OPPP) stipule dans son article 11 que «le président provisoire de la République, chef suprême des forces armées, assure le commandement supérieur, proclame l'état de guerre ou de paix, procède aux nominations des hauts cadres de l'armée ainsi qu'à leur limogeage, et ce en accord avec le chef du gouvernement auquel revient la supervision totale du ministère de la Défense. Mais il n'a pas à s'immiscer dans l'exécution au quotidien».
Seulement avec l'avènement du gouvernement de Mehdi Jomaa, les choses ont changé. Le gouvernement n'est plus en harmonie avec la présidence provisoire. Tous les coups sont, désormais, permis pour couler l'une ou l'autre partie.
La chance a souri à Mehdi Jomaa qui a découvert à la faveur de sa rencontre avec le Premier ministre algérien à Tebessa, juste après le massacre, dans des circonstances scandaleuses, de 15 soldats à Henchir Tella, à Kasserine, que l'Etat-major des forces terrestres tunisien ne coopérait pas avec les Algériens comme l'avait recommandé le gouvernement et ne coordonnait pas avec la garde nationale et la police.
Le CPR aux abois, parce que Marzouki n'a plus d'autorité réelle sur l'armée…
Confronté apparemment à tant de défaillances, le général Mohamed Salah Hamdi a préféré jeter l'éponge et lâcher Marzouki. Ce dernier avait, d'ailleurs, l'air ténébreux lors de la dernière accolade avec le général démissionnaire. Cette démission d'un allié de cette trempe, à deux mois des élections générales, peut être considérée comme une perte sèche pour Marzouki qui comptait, peut-être, sur la Grande muette pour remporter les prochaines élections au plan logistique d'autant plus que, d'après nos informations, il se serait assuré le financement de sa campagne et de celle de son parti par l'Etat de Qatar.
D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si la meute des répondeurs automatiques du Congrès pour la république (CPR), consciente de l'ampleur de ce revers et du fait que Marzouki n'a plus d'autorité réelle sur l'armée, s'est déchainé sur le ministre de la Défense et l'a qualifié de tous les noms, allant jusqu'à demander sa démission.
La Grande muette à réformer en toute urgence
Par delà ce bras de fer non dit entre le gouvernement et la présidence, l'armée nationale a besoin, en urgence, d'une grande réforme, et ce sont ses propres officiers qui le réclament à cor et à cri.
Dans un long article paru dans le quotidien La Presse de Tunisie du 31 juillet 2014, le général de brigade à la retraire, Mohamed Meddeb, relève que «le dossier de la défense du pays et sa sécurité n'est pas et ne doit jamais être l'apanage des seuls cadres de l'armée et de l'appareil sécuritaire, au contraire c'est plutôt l'affaire de chacun d'entre nous, dirigeants, membres de la société civile et citoyens ordinaires».
Cette déclaration dit long sur le non dit qui prévaut au sein de la Grande muette.
Un Conseil supérieur de transition de la sécurité nationale regroupant l'armée, la police, la garde nationale, l'UGTT, l'UTICA…
Il faut reconnaître ici que certains politiques ont attiré, à maintes reprises, l'attention sur les limites du Conseil de sécurité qui ne leur dit pas tout. Le président de la Haute instance politique du parti politique Al Joumhouri, Ahmed Néjib Chebbi, relève que «rien de crédible n'a filtré, jusque-là, sur les circonstances de l'assassinat des leaders politiques, ni sur les groupes retranchés sur les hauteurs du centre-ouest et nord-ouest, ni sur le poids réel des salafistes djihadistes, ni sur l'effectif des contrebandiers dans le pays».
Pour y remédier, il propose la création d'un Conseil supérieur de transition de la sécurité nationale qui grouperait l'armée, la police, la garde nationale, les partis et les représentants de la société civile (UGTT, UTICA, UTAP…).
Il a justifié sa proposition par le besoin d'informer le peuple tunisien de ce qui se passe dans le domaine sécuritaire, qui ne doit pas être l'apanage des forces de la sûreté nationale.
Pour sa part, Mokhtar Ben Nasr, ancien porte-parole du ministère de la Défense, ne cesse de déclarer sur les plateaux audiovisuels que «le moment est plus que jamais venu pour restructurer la Grande muette et l'amener à rendre compte au contribuable de son rendement et à faire preuve de transparence, de bonne gouvernance et d'efficience».
Il a notamment mis l'accent sur l'enjeu d'intégrer la Garde nationale dans l'armée, de réduire la centralisation de l'armée et de conférer aux commandements déconcentrés et décentralisés plus d'autonomie dans la prise de décision.
Georges Pompidou : «il ne suffit pas d'être grand homme, il faut l'être au bon moment»
Il a également appelé les constituants et les partis à former des spécialistes dans les affaires de la défense afin de pouvoir contrôler en connaissance de cause la mission et les équipements de l'armée.
In fine, les deux chefs d'Etat-major qui ont démissionné, les généraux Rachid Ammar et Mohamed Salah Hamdi, ont le devoir d'informer le peuple sur ce qui se passe dans la Grande muette, sur l'énigme du mont Chaambi, sur le nombre exact des terroristes, sur les responsabilités des uns et des autres, et sur les interférences politiques. Il y va de leur intégrité et loyauté envers ce peuple. Car, comme disait Georges Pompidou, «il ne suffit pas d'être grand homme, il faut l'être au bon moment».


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