Présidentiable, Mondher Zenaïdi l'est sans nul doute. Et c'est une qualité qu'il a en commun avec un très petit nombre d'«élus» parmi les candidats à la magistrature suprême. Notamment, grâce à l'immense expérience qui fait défaut à la plupart de ses concurrents- acquise dans la gestion des affaires publiques, notamment en tant que ministre pendant dix-sept ans. Mais quelles chances l'ancien ministre a-t-il dans cette course présidentielle hyper «embouteillée»? Pourra-t-il transformer le dessein en destin présidentiel? A priori, Mondher Zenaidi fait partie d'un petit groupe de candidats «sérieux» et peut être aussi l'un des rares à pouvoir rivaliser sérieusement avec celui qui reste à ce jour favori d'après les sondages: Béji Caïd Essebsi. Notamment sur le terrain du charisme et de la popularité. Car depuis le jour où il a endossé les habits de haut fonctionnaire, puis, surtout, après avoir mis le chapeau de ministre, Mondher Zenaïdi a toujours pratiqué la politique de la porte ouverte. Ouverte à tous, amis, connaissances, ou simples citoyens, et pas seulement Tunisois, venus attirés par la réputation de «serviabilité» de l'ancien ministre. Par rapport aux autres candidats, y compris le président de Nidaa Tounes, il a l'immense avantage de ne pas être assimilé à une région en particulier. Originaire de Kasserine, mais Tunisois de naissance, donc d'adoption, Mondher Zenaïdi, attaché à la Tunisie profonde, n'a jamais renié ses origines kasserinoises. Qu'il a continué à revendiquer et à cultiver. Mais comme tout être humain et homme politique, Mondher Zenaïdi n'est pas dénué de faiblesses. Il en a en particulier une que ses adversaires ne manqueraient pas d'exploiter dans le feu de la campagne électorale: le fait d'avoir servi sous le régime Ben Ali qui a certes eu des acquis, mais également beaucoup de travers- et, surtout, sa trop grande, selon certains- proximité avec une partie de l'entourage de l'ancien président. En homme intelligent, certainement conscient qu'aucun des candidats à la présidentielle n'a de chance de se faire élire avec les seules voix de sa famille politique, Mondher Zenaïdi saura, concernant le passé, tenir l'attitude et le discours approprié. C'est-à-dire à égale distance à la fois du déni total et de l'éloge de l'ancien régime travers dans lequel est tombé un Abderrahim Zouari- et de l'auto-flagellation qui n'a pas lieu d'être.