Les préparatifs vont bon train, à Zaghouan, pour célébrer, quatre semaines durant, la fête de l'églantier, le «Nisri», une délicate fleur à cinq pétales blancs au pollen jaune. Avec la fête de l'églantier, Zaghouan, perpétue une tradition ancestrale. Entre la dernière semaine d'avril et fin mai, les artisans récoltent, distillent et font le plein de Nisri sous forme de fiasques d'eau distillée, de gelée, d'essences et arômes.
Tout un rituel est suivi en amont. Pour être distillée au meilleur de sa puissance olfactive, la fleur doit être cueillie avant les premières lueurs de l'aube.
Son parfum se répand partout tandis que les fleurs, d'une blancheur limpide, sont trempées dans des alambics de distillation traditionnelle maniés avec doigté par les femmes. La distillation se fait par évaporation de la précieuse eau de Nisri.
Par pesée, les fleurs sont déposées dans une chaudière surmontée d'une chambre de condensation. La vapeur refroidie se transforme en gouttelettes remplissant une à une des fiasques.
Produit saisonnier, la fleur de Nisri est très fragile et extrêmement sensible aux conditions climatiques. La récolte s'effectue uniquement durant quatre semaines. Le Nisri a son festival. Cette année, ce festival est à sa 26ème édition.
Le programme prévoit des festivités populaires, une exposition d'artisanat, une exposition commerciale et un stand réservé exclusivement à l'églantier.
Au programme également une visite dans les champs d'églantier au cours de laquelle les amis de cette fleur magique pourront assister à la cueillette de cette fleur.
L'églantier de Zaghouan est un croisement de la Rosa gallica et la Rosa canina, celle-ci tirant son nom de son utilisation jadis contre la rage.
Présente dans le parfum et la confiserie, l'églantier est reconnu dans la pharmacopée populaire pour ses propriétés excitante et laxative, en plus de sa forte teneur en vitamine C.
En eau distillée ou en gelée, l'églantine fluidifie, paraît il, la circulation du sang et apporte du tonus.
D'autres vont jusqu'à lui attribuer des vertus aphrodisiaques et mettent en garde les sportifs objet de contrôle anti-dopage.
L'arbuste poussant à Zaghouan fit son apparition à la fin du 16ème siècle en Tunisie, après avoir été introduit par les Mauresques, musulmans d'Andalousie chassés par les rois catholiques après la chute de Grenade.
Zaghouan s'emploie, aujourd'hui, à sauver son trésor et à développer la culture de l'arbuste qui, il ya une vingtaine d'années, a failli disparaître, à la suite d'une longue période de sécheresse. Est-ce nécessaire de le rappeler ? la Nisri peut être cultivé en pépinières pour sa préservation.
Pour l'heure, avec une production moyenne de 5 tonnes de fleurs en moyenne par saison, la demande dépasse largement l'offre.
L'églantier est particulièrement utilisé pour confectionner de la gelée et de fines amandines au Nisri appelées "Kaâk Warka", spécialité d'origine andalouse confectionnée par les femmes à Zaghouan et très prisée par ses consommateurs.