L'ancien chef du gouvernement et membre d'Ennahdha, Ali Laârayedh, était l'invité de l'émission « L'Interview » du présentée par Chaker Besbes sur Shems FM, ce dimanche 5 juillet 2020. Il est revenu, entre autres, sur les débuts du mouvement Ennahdha, l'évolution de sa politique et les grands évènements qui ont marqué les années qu'il avait passé au pouvoir en tant que chef de gouvernement et ministre de l'Intérieur. Interpellé sur le projet d'Ennahdha, le politicien a affirmé que réduire le projet du parti à une islamisation de la Tunisie serait le banaliser. « Jusqu'à 1980, nous n'avons jamais été en confrontation avec l'Etat. Nous avons simplement tenté d'engager des réformes de la religion et de la foi, de l'éducation, de l'éthique, de sensibiliser… de lutter contre la pensée introvertie en lien avec l'Islam, d'œuvrer pour une justice sociale, la démocratie et les droits de l'Homme dans l'Islam », a-t-il déclaré.
Interrogé sur les changements que le parti aurait entrepris depuis, Ali Laârayedh a estimé que le mouvement Ennahdha avait mûri et était devenu plus réaliste et plus conscient de la complexité de la situation de la Tunisie et du monde de façon générale. Pour ce qui d'un éventuel remplacement de Rached Ghannouchi, chef du parti, il a signalé que le mouvement avait l'embarras du choix, notant que pour l'intérêt de la Tunisie et par respect au règlement intérieur du mouvement, Rached Ghannouchi ne devrait pas se porter candidat pour un nouveau mandat.
Il a par ailleurs critiqué la communication de la présidence de la République, estimant que celle-ci se caractérise par un certain flou, préjudicable pour une telle institution. Le leader Nahdhaoui a dit espérer que cette situation puisse changer. Il a aussi affirmé qu'il n'existe pas de différend entre le chef de l'Etat Kais Saied et Rached Ghannouchi, mais parfois des divergences de points de vue.
En ce qui concerne l'affaire de l'assassinat des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, Ali Laarayedh a nié toute responsabilité. Appelant la justice à accélérer le processus et laisser éclater la vérité, il a soutenu que le comité de défense du martyr Chokri Belaïd était le grand gagnant des retards accusés dans le cheminement de cette affaire. « Je sais que la justice a dévoilé la vérité et je sais aussi que certaines parties n'ont aucun intérêt à ce que la vérité éclate », a-t-il avancé accusant le comité de défense du martyr de titrer profit de la situation en continuant à accuser et dénigrer le parti Ennahdha.