Le recours aux instances internationales judiciaires et des droits de l'Homme est déjà engagé par les patriotes démocrates du Ppdu qui cherchent à faire accélérer les procédures quant au dévoilement de la vérité, notamment l'identification des assassins du martyr Chokri Belaïd «Qui l'a tué ?», c'est le slogan de la conférence de presse qu'a tenue, hier à son siège, le Parti des patriotes démocrates unifié (Ppdu) pour présenter son évaluation de la situation politique actuelle du pays. De même, c'était l'occasion pour mettre au clair l'évolution du dossier de l'assassinat de Chokri Belaïd ainsi que les préparatifs du 40e jour de son décès. Le vice-secrétaire général du parti, Mohamed Jemour, a indiqué que le Ppdu est contre la nouvelle formation gouvernementale de Ali Laârayedh. «C'est une Troïka bis. Le mouvement Ennahdha domine ce gouvernement que Ali Laârayedh dirigera. La responsabilité incombe à Laârayedh quant à la dégradation de la situation sécuritaire du pays et plus particulièrement l'absence de protection des hommes politiques. Il n'a pas assuré la protection de notre martyr Chokri Belaïd et n'a pas assumé sa responsabilité dans l'identification de ses assassins alors qu'il a été mis au courant des menaces qui le visaient, cinq jours avant que l'assassinat ne soit perpétré. Laârayedh est l'un des éléments les plus défaillants du gouvernement sortant vu qu'il n'a pas réussi à instaurer la quiétude et la sécurité. Il avait la haute main sur l'appareil sécuritaire et a favorisé la mainmise d'Ennahdha sur les institutions sécuritaires et l'administration tunisienne. Il a permis l'installation d'organes parallèles que le ministère de l'Intérieur a protégés», a enchaîné Jemour. Il a continué ses accusations envers Laârayedh en indiquant que des preuves montrent que ce dernier n'a pas proposé la protection du martyr Belaïd contrairement à ce qui a été dit. «Le ministère de l'Intérieur, a-t-il remarqué, n'a pas lutté contre la violence politique et Ali Laârayedh n'est pas sorti de l'auberge en procédant par quotas partisans lors de la formation du nouveau gouvernement». D'après lui, les décisions quant à cette nouvelle composition ont émané du siège d'Ennahdha selon les directives de Rached Ghannouchi, son président. «Même les indépendants désignés à la tête de certains ministères, nous avons des doutes quant à leur indépendance et plusieurs partis et personnalités nationales le pensent comme nous», a-t-il poursuivi. De son côté, le porte-parole du Ppdu, Zied Lakhdhar, a déclaré que le différend entre son parti et Ennahdha est d'ordre politique, tout en s'étalant sur l'histoire du militantisme du Ppdu et en s'attaquant à son rival qui, d'après lui, «traitait avec les forces étrangères colonialistes qui marginalisent la dignité des peuples et exploitent leurs ressources». Dossier Belaïd, pression via les institutions onusiennes Lakhdhar a affirmé, d'autre part, que selon des sources fiables, l'assassin de Belaïd a été livré aux autorités tunisiennes, confirmant ainsi les informations parues dernièrement, indiquant que les autorités algériennes auraient capturé l'assassin sur le territoire algérien. Il a ajouté : «Le ministère de l'Intérieur a connu plusieurs nominations suspectes, ce qui a été confirmé par des sources et appuyé par les forces démocratiques à l'instar de Mohamed Néjib Chebbi qui a parlé de la présence d'éléments étrangers à la salle de commandement dudit ministère. Aussi, le différend qui a été enregistré entre le ministre Laârayedh et le juge d'instruction chargé de l'affaire du martyr Belaïd ne peut que renforcer nos doutes et nos frayeurs quant à la véracité et au sérieux des informations divulguées par le ministère». D'autre part, il a indiqué que son parti a appris que le dossier de Fethi Dammak, qui portait sur des informations en relation avec le groupe de terroristes qui auraient perpétré l'assassinat, a été clos d'une manière suspecte. «Il y a eu une précipitation alors que le nom du martyr Chokri Belaïd a été cité de façon claire dans l'une des vidéos diffusées. Le rapport balistique est introuvable et la reconstitution de la scène du crime a été faite sans l'arme du crime et sans le meurtrier. Nous sommes à bout de patience et nous sommes sûrs que certaines parties cherchent à étouffer la vérité», a-t-il conclu. Lakhdhar a, par la suite, annoncé que son parti, à travers son comité de défense, donnera une portée internationale au dossier de l'assassinat de Chokri Belaïd en le présentant devant des institutions judiciaires et de droits de l'Homme internationales, afin de faire pression sur les ministères de l'Intérieur et de la Justice. D'après le vice-secrétaire général de Ppdu, Mohamed Jemour, le parti a entamé des contacts avec le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme afin de lui exprimer ses inquiétudes quant à la manière dont les deux ministères traitent le dossier. Il a souligné que le comité de défense du parti dans cette affaire n'a pas pu accéder aux procès-verbaux des enquêtes. «Nos réserves et nos doutes sont de plus en plus renforcés et sont légitimes vu les menaces flagrantes qui portent atteinte à la sécurité des hommes politiques en Tunisie. La situation est très grave. Nous allons, aussi, soumettre le dossier de l'assassinat du martyr de la liberté Chokri Belaïd au Conseil des droits de l'Homme relevant des Nations unies», a déclaré Mohamed Jemour. Pour sa part, Haïthem Tabbessi, membre du bureau politique du Ppdu, chargé de la communication et des médias, a affirmé qu'au cas où ces investigations n'auraient pas avancé dans ce dossier, son parti recourra à la justice internationale. Marche de protestation le 16 mars D'après Tabbessi, au cours du 40e jour de l'assassinat de Belaïd, une marche de protestation populaire aura lieu le 16 mars. Elle démarrera du carré des martyrs au cimetière du Jellaz jusqu'à l'avenue Bourguiba. Des discours sont prévus avec la participation de la famille du martyr, des membres du Front populaire, ainsi que des membres de la société civile et des partis formant l'Alliance politique dont le Ppdu. Le programme du 40e jour du décès comporte une deuxième journée, le 17 mars, qui sera réservée à des présentations musicales et poétiques. La journée aura lieu au palais des sports à la coupole d'El Menzah à partir de 10h00 avec la participation de plusieurs troupes musicales engagées. A partir de 14h00, ce sera le tour d'un festival politique avec la présence de personnalités nationales et internationales à la coupole, alors que la soirée, à partir de 17h00, sera réservée à une manifestation culturelle multidisciplinaire.