Par Dr Radhi Belkahia (*) et Ahlem Hachicha Chaker
Depuis quelques jours, l'angoisse gagne certains cercles en Tunisie. Ce n'est pas qu'un ressenti. Il est clair que les taux de contamination au virus Covid-19 atteignent des niveaux alarmants. La crainte est que ces taux élevés de contamination ne touchent de plus en plus de personnes fragiles, entrainant des hospitalisations et des admissions en réanimation que le système sanitaire en Tunisie, privé et public, aurait du mal à gérer.
D'ailleurs, la déclaration du chef de service de pneumologie à l'hôpital Charles Nicolle, Hichem Aouina, sur "La Watania 1", soulignant que les médecins se trouvaient déjà obligés de choisir les patients à placer en réanimation, donne la mesure de la situation dans les hôpitaux.
Face à cette situation, l'inquiétude monte encore plus en raison de l'inertie apparente du Gouvernement. On s'attend à une prise de conscience collective, à une communication coup de poing, à des mesures exceptionnelles. On voit ça et là un appel à un nouveau confinement.
Alors, confinement? Pourquoi nous n'y croyons pas : il est utopique de croire qu'un confinement général porterait ses fruits en Tunisie.
L'Etat est dépassé depuis longtemps. Il ne pourra appliquer un confinement efficace. Et il n'y a pas plus dangereux que les demi-mesures. Cela donne un faux sentiment de sécurité.
La seule solution c'est taper fort et vite par une vaccination massive, rapide et généralisée. Il faut mettre en place immédiatement une politique complètement dédiée à cela, avec l'établissement de vaccinodromes sur tout le territoire, sous la gestion de l'armée, de la sécurité civile et du Croissant rouge.
Il est essentiel de mettre toute l'énergie, tous les moyens, toutes les ressources de l'Etat dans cet effort afin d'atteindre immédiatement un nombre maximal de vaccinations.
Les confinements ne seront que des pansements sur des fractures ouvertes.
Une stratégie de vaccination a été annoncée la semaine dernière mais les dates annoncées pour le printemps ne semblent pas traduire l'urgence attendue. L'urgence est d'autant plus avérée qu'il y a une quasi certitude concernant la présence en Tunisie du variant anglais, beaucoup plus contagieux et qui rend la propagation de l'épidémie incontrôlable. Les clusters découverts à Marseille et dans le Sud de la France font craindre une arrivée massive. Une grande vigilance s'impose au niveau du contrôle des frontières avec les vols sensibles de ces destinations.
En conclusion, la situation est critique et elle appelle une action rapide, ferme, et ciblée, autant au niveau sanitaire que logistique et administratif. Toutefois, la gestion gouvernementale parait ne pas correspondre à ce qui se passe, ne pas saisir le moment.