La curiosité puis la persévérance de certains humains dans la voie de la découverte scientifique, nous ont permis d'admirer l'exploit d'un atterrissage réussi sur Mars. A des années lumières de nos contrées, marquées du sceau de l'infamie, on ne cesse d'avancer. Hier, le contraste entre l'émerveillement face à cet exploit d'un côté et la perplexité, voire le désespoir, face à une chute inexorable de notre pays de l'autre, était saisissant chez certains Tunisiens. En ce moment, sur la planète Tunisie, on n'atterrit pas, on s'écrase. Il semblerait qu'on recule, pour mieux s'enfoncer. Quelques faits, rien que ces dernières 48H, illustrent le marasme dans lequel nous nous débattons. Autrefois fleurons de l'économie nationale, des entreprises publiques sombrent. La CPG qui est à l'arrêt depuis plusieurs mois est dans l'incapacité de payer les salaires de ses agents et se trouve au bord de la faillite. La Gazelle, qui croule sous les dettes, a fait l'objet d'une saisie conservatoire sur ses comptes. Le crash a pu être évité momentanément, mais jusqu'où, jusqu'à quand ? Des années de chaos et de mauvaise gestion menacent de tout balayer, tout. Un ministre qui désavoue publiquement son collègue et par truchement son chef de gouvernement. Fallait-il s'y attendre ? Tout semble pourtant possible dans l'état actuel des choses. Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, déclare aux médias avoir rejeté la demande du ministre des Finances de faire assumer aux caisses sociales l'exemption de la prime des magistrats d'impôt. En voilà, un gouvernement compétent et solidaire.
Sur fond de pandémie mondiale, les autorités avaient promis le lancement de la campagne vaccinale à la mi-février. Les délais étant dépassés, certains rigolos relèvent que les autorités n'ont pas précisé l'année de la livraison. Humour noir à part, et alors que des personnes continuent à mourir du Covid-19, il s'avère que le retard est dû à la lenteur des procédures du côté tunisien. Il fallait que l'Etat accepte la prise en charge des indemnisations en cas de complications survenues à la suite de la vaccination. Il fallait que l'Etat attende tout ce temps pour que finalement une loi soit déposée au Parlement et qu'on attende que ce Parlement l'adopte. Où est passé le ministre des Affaires étrangères ? C'est la question que s'est posé un membre du syndicat du corps diplomatique sur une télé privée hier. Cette personne affirme que le ministre brille par son absence dans les rencontres internationales, que Jerandi est complétement déboussolé et dit avoir accepté la charge contraint. Diplomatie à la dérive.
Pour ce qui est de la crise politique, cela devient fatigant de rabâcher les mêmes mots, de construire et de déconstruire les analyses pour arriver à un seul et même résultat. Tout a été dit sur le blocage, sur les enfantillages et sur la détermination de chaque partie à camper sur sa position. Dans cette lutte entre Carthage d'un côté, la Kasbah et le Bardo de l'autre, personne ne semble disposé à lâcher la moindre parcelle. Il est clair qu'aucun des protagonistes n'est prêt à faire le premier pas afin d'absorber un tant soit peu les tensions et s'ouvrir sur une possibilité de négociation. Cette crise politique ne fait qu'enfoncer encore plus la Tunisie et la mène vers un avenir incertain. La crise socio-économique n'attendra pas une résolution de celle politique pour éclater à la face de tout ce beau monde. Il devient vital de mettre fin à ces guerres intestines, quitte à tout recommencer depuis le début et que le mieux qualifié gagne, ou du moins de trouver un minimum de terrain d'entente pour sortir avec moins de casse pour ce peuple éprouvé. Des initiatives sont proposées. Le quartet du dialogue commence à s'organiser. Mais si chaque tête du pouvoir continue à refuser d'entendre raison, la planète Tunisie risquera d'être aspirée par un trou noir.