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Tunisie : Le Ministère des Affaires Etrangères à l'épreuve du changement gouvernemental
Publié dans Tunisie Numérique le 03 - 02 - 2014

Contre toute attente, Mongi Hamdi est bombardé nouveau chef de la diplomatie tunisienne, en remplacement d'Othman Jerandi, évincé de son poste malgré son statut de ministre neutre et technocrate.
Il a été beaucoup plus jugé sur son bilan, plutôt médiocre, que sur son profil. Le département qu'il a géré pendant presque une année n'a pas enregistré d'avancées significatives. La situation léguée n'a pas vraiment évolué. Un statu quo qui a la peau dure. Enfant de la boite, ancré dans l'environnement professionnel, connaissant sur le bout des ongles les arcanes et les facteurs de blocage de la diplomatie et de l'enceinte ministérielle, Othman Jérandi a suscité, à son intronisation, de larges vagues d'espoir parmi les fonctionnaires, convaincu qu'un homme de cru, qui plus est jouissant d'un a priori positif et d'une solide sympathie, est mieux habilité à faire évoluer le Ministère des Affaires Etrangères et l'appareil diplomatique vers le haut de la scène.
Ce n'était malheureusement guère le cas. Attendu comme le messie, il s'est révélé un rustre paria, passant à côté d'une œuvre qui l'aurait inscrit en lettres d'or dans la postérité de la diplomatie tunisienne. Il a marqué son passage par les écrans de fumée et les failles de communication. Aucune stratégie ou volonté de changement. Le Placebo en guise de médicament, la pilule était difficile à faire avaler. Il a été jugé pire que Rafik Bouchleka, ce qui est en soi une insigne performance à l'échelle de la médiocrité. Il faut le faire et Othman Jérandi l'a fait, bien fait.
Nul doute qu'Othman Jerandi a hérité d'un Département sinistré, déstructuré, livré aux appétits de mise aux pas de la Troïka. Le passage tsunami de Rafik Bouchleka, à sa tête, a été une œuvre de sape, de destruction sur les deux principaux axes de son mandat, à savoir la gestion administrative et la gouvernance diplomatique. Il a laissé à son successeur un champ à la fois de bataille et de ruine, un terrain miné de bombes à retardement, de foyers de tension et de lignes d'accrochage. D'autre part, peut-être qu'Othman Jérandi, à son investiture, avait les ailes plombées par un deal qu'il aurait conclu avec la Troïka, ce qui est de nature à réduire sa marge de manœuvre et son champ d'action. En outre, sa désignation a donné un coup de fouet au niveau des attentes, avec leurs lots de revendications et de doléances, éminemment légitimes, dont le personnel diplomatique et administratif ont fait longtemps leur cheval de bataille. La pression était donc grande.
Il a fallu reconstruire et restaurer l'édifice. Il n'en était rien. Les coups de fard et les opérations cosmétiques ne pouvaient rien contre une réalité hideuse et un visage défiguré. Il a fallu aller aux racines du mal et non se contenter de traiter les symptômes. Il a fallu tirer les bons enseignements de l'échec de Rafik Bouchleka. Malheureusement, Othman Jerandi, qui est entré au Département sous les applaudissements, accueilli par une haie d'honneur, est sorti par la petite porte, à la dérobade, laissant derrière lui le ministère empêtré dans ses vieux travers et ses vieux démons. Les nouveaux Statuts du corps diplomatique et du personnel administratif et technique peinent à être bouclés. Les problèmes de promotion et les cas d'injustice n'ont pas encore quitté leur statut de dossiers à traiter. Le flou artistique et l'opacité obstruent la vue et empestent le climat. L'accumulation des conflits, des préjudices de carrière et des iniquités, sans qu'une réelle volonté de les résoudre ne fût affichée, ont abouti à une situation de confrontation et de rupture.
Quel bilan peut-on dresser de son passage? Peut-on même parler de bilan ? Tous les problèmes ayant pourri le climat au ministère qu'il a hérités, à son arrivée, sont toujours les mêmes, à sa sortie. Le chantier était certes vaste et de longue haleine, nécessitant certainement une période plus longue, mais rien n'a été mis sur la bonne voie. Tout le savait qu'Othman Jerandi n'avait pas une baguette magique pour tout régler d'un seul trait mais au moins on espérait le voir lancer le processus de refonte et d'appuyer les différentes étapes de l'œuvre de reconstruction.
Il n'est pas superflu de dire que ces problèmes ont été légués, Othman Jérandi n'en est aucunement responsable. Il a mis le pied dans un fouillis de conflits, d'écueils, de disparités et de clivages. Les reproches ont porté essentiellement sur son manque d'investissement pour les régler ou construire des chemins de règlement. Il lui était demandé d'opérer une cassure avec l'ancien système de gouvernance, prévalant au sein du département. Le résultat : Aucune rupture, aucun nouveau son de cloche, aucune levée de boucliers. Le funeste héritage de Rafik Bouchleka a été géré à la petite semaine sans réelle volonté de s'en dissocier ou de le remettre en question.
Faute d'assainir le climat professionnel et social, de régler une fois pour toute les contentieux (processus professionnels, injustices commises, sanctions abusives,....) et de dépolitiser complètement l'appareil diplomatique, la grogne a infesté le Ministère des Affaires Etrangères dont le personnel, en désespoir de cause, a décrété la grève, le 8 Novembre 2013, comme moyen d'avertissement, en prévision d'autres mesures de contestation, encore plus virulentes, à envisager. Cette grève a constitué une première dans les annales de ce Département. Un point noir dans le bilan d'Othman Jérandi.
Pourtant, au vu des tensions de la période transitoire et de la situation politique, houleuse et instable, Othman Jérandi était en position de force, détenait maintes cartes, il bénéficiait d'un rapport de force largement favorable. S'il avait imposé des choix, même en forçant la main à la Troïka, personne ne l'aurait contré, bien au contraire il aurait bénéficié de l'appui de son Département, de la classe politique et de la sphère médiatique. Dans de telles conditions, qui aurait pu épingler un ministre, agissant, en son âme et conscience, pour la bonne cause de son Département, sans calcul politique ni accointance partisane. Des atouts qu'Othman Jérandi a malheureusement occultés et dilapidés.
Sur nombre de volets, la situation n'a pas évolué :
En premier lieu, Othman Jérandi a brillé par son manque communication et de coordination, sur le plan aussi bien vertical qu'horizontal, endogène et exogène. L'absence d'une logique de dialogue et l'absence de concertation avec les hauts cadres a pourri un peu plus la situation. En interne, la communication bat de l'aile. Othman Jérandi s'était limité à un noyau de copains, agissant seul, refusant d'impliquer les diplomates de carrière et les chevronnés du métier dans son mode de gestion. Il n'était point à leur écoute, ouvert à leurs avis et leurs analyses. Un capital humain sur lequel il aurait dû appuyer sa réflexion et sa décision. Il n'en était rien. Le système de gestion, cher à Rafik Abdessalem, était reproduit à l'identique avec tous ses tares, ses forces d'inertie et ses dysfonctionnements, creusant les distances et nourrissant les tensions.
En externe, la communication d'Othman Jérandi était peu ou prou agissante ou même visible. Ses sorties médiatiques étaient rares. Il se contentait d'être là sans être présent, dans son petit coin, dans ses petits souliers, de s'évertuer à appliquer des ordres, évitant toute confrontation ou marquage de périmètre. Ni message fort, ni signe de refonte ni couleur annoncée. En termes de communication, il était passé complètement inaperçu et à côté.
En second lieu, il a fallu mettre un terme aux nominations politiques et partisanes aux postes diplomatiques et consulaires, au mépris des critères objectifs professionnels de compétence et de mérite. Plus que jamais, il était temps de couper avec la politisation de la diplomatie, d'articuler le système de désignation autour des valeurs de transparence et d'impartialité et consacrer définitivement le principe de la neutralité de l'administration. Là aussi, Othman Jérandi n'a pas su ou pu redresser la barre. Sous son mandat, les désignations politiques et partisanes ont continué. Il a fait peut-être l'effort d'en réduire le nombre mais toujours est-il que le ver est resté dans le fruit. La pratique tant vilipendée n'a pas été rompue. La mémoire des diplomates est encore meurtrie par les travers et autres injustices ayant émaillé le mouvement diplomatique des trois dernières années, marqué, du moins en partie, par le sceau du favoritisme et du copinage, confirmant l'instrumentalisation de la diplomatie tunisienne.
En conclusion, Othman Jérandi, de ce fait, n'a pu n'en rendre qu'une copie blanche. Ce qui est en soi une accablante contre-performance d'un ministre, professionnel et neutre, attendu comme un éclairci dans ce nuage brumeux du Département. Un pénible paradoxe dans ce sens où rien ne présuppose une telle dérive. Un grand et douloureux malaise mortifie aujourd'hui le Ministère des Affaires Etrangères et son personnel, les perspectives restent bouchées, en l'absence d'un véritable plan de redressement.
Le tandem fraichement désigné, Mongi Hamdi et Fayçal Gouiâa, sait à quoi s'en tenir, il n'est pas tombé de la dernière pluie. Il est au courant de tout, il a une idée précise sur les dessous et les enjeux. En un mot, il sait où le bât blesse. Les griefs et les requêtes sont bien connus. Il lui appartient d'établir et de mettre en œuvre un agenda de travail, basé sur toute une armature de solutions et d'alternatives. Il a encore le temps de faire, de bien faire. Il a maints atouts en main, il suffit de le vouloir, de bien le vouloir. Le tournant est là. La balle reste dans son camp, en fera-t-il un bon usage, attendons voir !!
En tout état de cause, le personnel diplomatique et administratif du Ministère des Affaires Etrangères ne semble plus disposé à avaler une nouvelle chape de couleuvres et de rester l'otage d'une implacable inertie et d'un statu quo qui a trop duré et que si, d'aventure, il continue mènerait le Département au bord de l'implosion.
Un homme averti en vaut deux, dit-on à juste titre.


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