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A​​ppel à con​trib​​​ution pou​​​r le n° 1​​​​​​​0 ​​​​de la revue Sci​ence and​​​​ Video
Publié dans Business News le 26 - 03 - 2021

Dans une aire culturelle imprégnée de tradition musulmane, et où la représentation figurative a été sévèrement limitée, voire interdite, l'essor du septième art n'allait pas de soi. La création et la diffusion du cinéma demeurent encore aujourd'hui difficiles dans certains pays particulièrement rigoristes, comme l'Arabie saoudite où le premier long-métrage n'a été produit qu'en 2013. A cela s'ajoute le poids des interdits religieux et moraux, portant sur le dévoilement des corps et les comportements sexuels destinés à entraver la narration des histoires d'amour dans la production filmique. D'autant plus que l'œil de la censure est particulièrement vigilant dans des états qui ne brillent pas par leur libre jeu démocratique et où les pressions puritaines se font sentir de manière ostensible.

Ce projet de numéro propose d'effectuer un tour d'horizon sur la représentation de l'érotisme, du corps et de la sensualité - ainsi que sur la question du refoulement - dans le cinéma arabe, en concentrant l'attention sur l'Afrique du Nord.

Un premier axe de questionnements concernera la dimension historique. En Afrique du Nord, le cinéma a connu un essor assez précoce avec les films égyptiens des années 1930. Dans ce cinéma, les thématiques érotiques ont été abordées de biais et de manière indirecte à travers le « tropisme » de la danse du ventre déjà présente dans les films de comédie musicale égyptiens de l'entre-deux guerres. Dans les films de fiction, cette danse est restée cloisonnée, au niveau du récit, dans une « sphère onirique », et totalement coupée des intrigues amoureuses des personnages. Avec la naissance d'un courant réaliste à partir des années 1940 et 1950, on voit naître dans le cinéma égyptien une dimension érotico-sensuelle qui rompt avec les stéréotypes de la danse du ventre. La sensualité est ainsi présente dans la filmographie de Salah Abou Seif. On peut citer également le film Le Bain des Malatili qui fait allusion à l'homosexualité masculine en passant par la sensualité du regard sur la nudité du corps masculin. ll est également important de mentionner le cinéaste Youssef Chahine, qui représente ,dans le film Le Moineau, une séquence d'amour explicite. ll est aussi connu, comme le premier cinéaste mettant admirablement en scène la circulation du désir entre les hommes.

Il faudra attendre quelques décennies pour qu'on assiste au développement d'autres traditions cinématographiques dans le monde arabe. C'est ainsi à partir des années 1960 que les pays du Maghreb voient la naissance de cinématographies nationales, qui font leurs premiers pas en synthétisant des influences multiples au sein du creuset des cultures locales. Parmi ces traditions, le cinéma tunisien s'ouvrira précocement à une représentation des thématiques érotiques. De ce point de vue, le film Khalifa le teigneux, réalisé en 1968 par Hamouda Ben Hlima, constitue l'expression la plus aboutie de la filmographie des débuts et, plus généralement, l'une des œuvres les plus accomplies au sein de la production tunisienne. Quelle a été l'évolution de la représentation des thématiques érotiques dans les décennies qui suivent, y compris dans les autres cinématographies (Algérie, Maroc) ? A titre indicatif on peut envisager d'isoler trois périodes marquantes, chaque période correspondant à des décennies qui ont avec le corps des rapports particuliers : 1930-1960, le moment inaugural des cinéastes pionniers ; 1960-1990 : la naissance et le développement des cinématographies nationales ; 1990-2011 : le développement de thématiques plus ciblés concernant le genre et l'émergence de cinéastes femmes. Peut-on déceler des moments caractérisés par un régime (certes relatif) de permissivité et d'autres marqués par un régime de restrictions et d'interdits ? Quels sont les rythmes et les enjeux de ces transitions ? Il serait également intéressant d'analyser l'eros et le corps après les révolutions de 2010/2011. Quelles nouvelles cinématographies postrévolutionnaires émergent et comment se confrontent-elles à la thématique de l'érotisme ?
Un deuxième axe considère la mise en scène du phantasme sexuel par les réalisateurs. Plusieurs registres - allant du rêve au cauchemar, d'une sexualité possible vers une sexualité restreinte, voire interdite - sont identifiables. Ce qui pose problème, c'est le souvent le regard masculin sur la femme qui émane d'une relation de possessivité typiquement arabo-musulmane. Le besoin de couvrir le corps, ou l'envie de le dénuder totalement, met en jeu des problèmes historico-culturels profonds. ll est donc fort utile d'analyser les fondements moraux et institutionnels de la nudité, afin de comprendre leur prégnance dans le cinéma nord-africain. Le problème central est le rapport de possession de l'homme au nu féminin, et de manière annexe, son approche de la sensualité, de l'érotisme, et de tout ce qui concerne, de près ou de loin, le contact. Le réalisateur vit une contradiction entre la mise en images des scènes érotiques, et les interdits qui font qu'on ne les montre pas. Si en plus, seul l'homme qui possède doit voir, la contradiction vient du simple fait que le cinéma, par essence, montre à tout le monde. Le nœud central vient de cette contradiction : les interdits pèsent sur la conscience des réalisateurs et du public. La question du contact, et de ce que le regard signifie comme relation de possession, s'exprime de façon personnelle, en fonction de chaque réalisateur, mais aussi en corrélation avec l'évolution de la société.
Un troisième axe concernera les regards des réalisatrices. Quelle est la contribution des réalisatrices à cette production ? Peut-on apercevoir des caractères distinctifs dans leur manière d'appréhender les thématiques érotiques ? Le cinéma arabe regorge de réalisatrices qui au cours des dernières décennies ont travaillé sur des thématiques liées à la dimension du genre et de l'érotisme. Par exemple Inas El-Degheidi évoque dans ses films la sexualité et a fait scandale en Egypte au point d'essuyer les menaces des salafistes. D'autres réalisatrices ont abordé la question de l'homosexualité, comme Nadia Al Fani en Tunisie avec le film « Bedwin Hacker » (2002). Pour ces cinéastes le corps de la femme n'est pas vu uniquement par l'angle de l'érotisme mais bien par celui de la reconnaissance de leurs droits. Pour la cinéaste Elweya zaki, les personnages féminins sont des femmes fortes qui font preuve de bravoure. Dans le film « Habiba Msika la danse du feu » (1999), Selma Beccar (Tunisie) raconte l'histoire d'une femme libre assassinée par son amant jaloux. Mentionnons également « Les silences du palais » (Moufida Tlati) et Safaa Fathy qui dans son film « Visages cachés » (1991) raconte le quotidien des femmes en Egypte, leur excision, l'amour, la sexualité. La danse a représenté une entrée féconde, par exemple dans le film « Satin rouge » de Raja Amari (2002) qui évoque la danse à travers le personnage de Lilia, une quadragénaire veuve qui se réapproprie son corps grâce a la danse. Dans le film « Dunia » de Jocelyne Saab (2005), la danse avait ouvert la possibilité à Donia de quitter un corps meurtri par l'excision et aller dans la voie de la sensualité qui lui fait découvrir la fraicheur et à la force de sa féminité. La danse porte le signe du plaisir et de l'émancipation, et interroge en profondeur, le vécu corporel des femmes dans une société qui les révolte.

Un quatrième axe se concentrera sur les dynamiques liées à l'espace. On peut émettre l'hypothèse qu'en général l'axe dramatique qui conditionne le traitement cinématographique de l'érotisme et de la sensualité s'inscrit dans la séparation spatiale et sociale des sexes. L'espace divise les corps concrètement. L'enferment dans les espaces intérieurs est spécifique aux personnages féminins. En termes de sensualité, la division des corps dans l'espace est l'une des causes du refoulement de la sexualité. Dans plusieurs films, c'est la question de l'identité sexuelle masculine qui se lit en filigrane, derrière l'évocation de la séparation des sexes. L'entre soi du genre peut aussi glisser vers des thématiques homosexuelles exprimées par des touches fortement allusives.

Quel sont les enjeux de la représentation de la nudité dans ce contexte ? Dans quelle mesure la séparation est comblée par le voyeurisme, qui prend pour objet un monde féminin fantasmé et parfois menaçant. De manière significative, on assiste souvent à une focalisation des scenarii sur l'adolescence, conçue comme moment clé de la transgression des frontières entre les genres, où il est encore envisageable de pénétrer dans l'espace intime des femmes avec un regard qui a désormais perdu l'innocence de l'enfance. Mais l'adolescence est également perçue comme un passage problématique à la condition d'adulte, sanctionné par le mariage et par la mise à l'épreuve de la virilité. Là encore, l'exemple du passage de la petite fille à la jeune fille reflète un système de pensée fortement séparatiste. Qu'entend-on par érotisme dans un système de séparation des sexes ? La sensualité est le plaisir même, en passant par le regard, le toucher et par l'apparence. Comment cette sensualité est-elle exprimée ?

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