Pour protéger son poulain, le député islamiste radical Rached Khiari, le président de l'Assemblée n'a pas hésité à envoyer un courrier grotesque au ministre de la Défense Brahim Bartagi. Un courrier supposé être confidentiel qui n'a pas à circuler sur les réseaux sociaux et les médias. Il s'agit d'une convocation à une séance d'audition pour interroger le ministre à propos de l'impartialité de l'instance militaire, pourquoi la justice militaire s'est immiscée dans l'affaire de Rached Khiari en émettant un mandat de dépôt et pourquoi elle ne reconnaît pas l'immunité parlementaire dont il s'est prévalu.
Avec ce courrier, Rached Ghannouchi s'immisce ouvertement dans un processus judiciaire, ce qui est strictement interdit par la Constitution. Il sait par ailleurs que la justice est, certes, sous la tutelle du ministre, mais ne peut en aucun cas être sous son autorité. Les magistrats sont, théoriquement indépendants qu'ils appartiennent à la justice civile ou militaire. Avec ce courrier, le président de l'assemblée laisse entendre que la justice militaire n'est pas indépendante ou impartiale. Rached Ghannouchi s'interroge ensuite pourquoi un mandat de dépôt a été émis, alors que ce n'est pas le parquet qui l'a émis, mais le juge d'instruction. A lire également Les tribunaux militaires peuvent-ils juger des civils ? Enfin, il déclare que le député Rached Khiari s'est prévalu de son immunité, ce qui est un mensonge grossier. Rached Khiari a été convoqué par le juge d'instruction, mais le député a préféré l'envoyer balader, ce qui a poussé le juge à émettre un mandat d'amener. Rached Ghannouchi crée, par ce courrier, un précédent dangereux qui devrait faire réagir les instances et les syndicats judiciaires tels que le Conseil supérieur de la magistrature et l'association des magistrats tunisiens.
R.B.H. A lire également Rached Khiari : Je ne suis ni un lâche ni un peureux, mais ! Officiel : les lourdes accusations visant Rached Khiari