Le chef du gouvernement Hichem Mechichi a limogé hier le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption Imed Boukhris. Quelques heures plus tard, M. Boukhris est reçu par le président de la République qui a tenu à le soutenir publiquement en lui accordant cette audience. Durant cet entretien, Kaïs Saïed a déclaré au président de l'instance déchu : « Votre limogeage était prévisible, car vous avez soulevé plusieurs affaires et apporté des preuves incriminant plusieurs personnes, parmi lesquelles celles dont la prestation de serment a été refusée. L'une de ces personnes a une affaire devant le pôle financier et d'autres trainent des affaires de corruption », a déclaré Kaïs Saïed. De quelle lutte contre la corruption parle-t-on ? Ils luttent contre ceux-là mêmes qui se dressent contre la corruption. Depuis, les rumeurs vont bon train par rapport aux dossiers de corruption soulevés par l'Instance et son président Imed Boukhris. On cite des noms, des ministres, des personnalités au bras long qui réussissent à passer entre les mailles du filet judiciaire et qui ont été épinglés par le président de la lutte anti-corruption.
Qu'en est-il vraiment ? Un haut cadre de l'Instance de lutte contre la corruption, qui préfère garder l'anonymat vu qu'il doit respecter l'obligation de réserve, a démenti ces rumeurs et tout le héroïsme qu'on est en train de fabriquer autour de Imed Boukhris. « Il n'y absolument eu aucune investigation ou aucun dossier concernant un ministre ou une personnalité politique. Tout au long des neuf mois qu'il a passé à la tête de l'instance, Imed Boukhris est resté dans l'inaction ou presque. Il recevait son salaire et il s'occupait des affaires courantes sans que l'on note quelque chose de particulier touchant un ministre ou une personnalité publique », affirme notre source en signalant que le président déchu ne s'est toujours pas présenté à son poste ce mardi 8 juin 2021 (à 11h45). Qu'est-ce qui s'est alors passé ? Pourquoi a-t-il été limogé ? D'après notre source, il y a un différend politique entre lui et le chef du gouvernement. Imed Boukhris a refusé catégoriquement de recevoir les déclarations de biens des ministres nommés par Hichem Mechichi, sous prétexte qu'ils n'ont pas encore prêté serment. Malgré les relances, il s'est entêté à refuser les déclarations de biens tant que Kaïs Saïed n'a pas organisé la cérémonie de prestation de serment. « Je vous assure qu'il n'y a que ce point qui explique le limogeage et qu'il n'y absolument aucun dossier de corruption en cours et je suis bien placé pour savoir ce qu'il en est », affirme notre haut cadre de l'Inlucc.