L'ancien ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, démis de ses fonctions par le chef du gouvernement, mardi dernier, a décidé ce jeudi 22 juillet 2021 de sortir de son silence et de livrer sa version des faits qui lui ont été reprochés par Hichem Mechichi et notamment l'organisation des journées portes ouvertes pour vacciner les citoyens de plus de 18 ans durant les deux jours de l'Aïd El Idha. On rappellera que le chef du gouvernement a dit avoir appris l'organisation des journées de vaccination dans la presse et, donc, mis devant le fait accompli par le ministre de la Santé, ce qui a motivé sa décision de le limoger.
Voici la version de l'ancien ministre Faouzi Mehdi :
« Grâce à l'accélération du rythme des achats directs et à l'arrivée de dons de pays amis avec le soutien de la présidence de la République et de la diplomatie tunisienne (environ 4,5 millions de doses), nous sommes passés du stade de la gestion de la rareté à celui de la préparation de la gestion de l'abondance des vaccins. Nous avons donc programmé 139 centres de vaccination dans les centres de santé de base, à partir du 22 juillet, des campagnes de vaccination mobiles intensives à partir de la même date, les vaccinations dans les pharmacies à partir de la semaine prochaine, et la préparation d'un système numérique qui permet aux citoyens de prendre leurs propres rendez-vous de vaccination. Notre objectif était de baisser la pression à laquelle font face les professionnels de santé et de pouvoir nous permettre de leur octroyer du repos, ainsi qu'aux bénévoles, les deux jours de l'Aïd. Suite aux pressions exercées par la Kasbah, jusqu'à la veille de l'Aïd, nous avons finalement décidé d'ouvrir des centres de vaccination. Nous avons coordonné avec les directeurs régionaux pour déterminer les centres qui pourront être ouverts. Puis, tout au long de la journée du lundi, nous avons communiqué avec le conseiller du chef du gouvernement en charge du Covid-19 et son conseiller en charge de la coordination avec la société civile, et nous nous sommes assurés que le ministère de l'Intérieur était informé (par fax et par livraison directe). L'équipe du ministère de la Santé a fait part de ses craintes concernant l'affluence et les rassemblements devant les centres auprès des conseillers du gouvernement et a été rassurée sur le bon déroulement du processus et de la coordination avec le ministère de l'Intérieur et les gouverneurs.
Je m'excuse auprès de chaque citoyen qui a souffert de la foule ou qui n'a pas été vacciné.
Je remercie également tous les professionnels de la santé et tous les bénévoles qui ont travaillé le jour de l'Aïd et ont enduré la pression et fait l'effort de vacciner plus de 15.000 citoyens.
Aujourd'hui j'ai choisi de rompre mon silence... Je n'accepte pas que mon travail et le travail du ministère soient un tremplin pour les aspirations des autres. Respecter le devoir de réserve ne signifie pas que je laisse le champ libre à ceux qui violent le devoir de respect envers une institution que j'ai eu l'honneur de diriger dans l'épreuve la plus sévère que notre pays ait connue depuis l'indépendance ».
En plus du volet sur les journées de vaccination durant l'Aïd, Faouzi Mehdi a accusé le gouvernement d'avoir sciemment ignoré les recommandations du comité scientifique de lutte contre le Covid-19 à de multiples reprises et d'avoir exercé des pressions pour que certains membres soient remplacés par d'autres, plus en phase avec les décisions gouvernementales.