Depuis vendredi dernier, une vague d'arrestations s'observe chez les députés. A ce jour, lundi 2 août 2021, nous enregistrons ce qui suit :
- Arrestation de Yassine Ayari vendredi 30 juillet, député indépendant, qui doit purger une peine de deux mois de prison prononcée contre lui en 2018. Il bénéficiait jusque là de l'immunité parlementaire levée depuis le dimanche 25 juillet 2021. Il est coupable d'atteinte à l'armée, via des posts Facebook injurieux avant qu'il ne soit élu.
- Arrestation de Maher Zid, vendredi 30 juillet. Le député islamiste radical d'Al Karama est poursuivi dans plusieurs affaires dans les tribunaux civils et militaires. Le député islamiste radical d'Al Karama a été condamné le 20 janvier 2017 à quatre ans de prison ferme par un tribunal civil pour avoir subtilisé des documents, relatifs à l'affaire Chokri Belaïd, du secrétariat du tribunal. Il s'est pourvu en appel et on attend encore le procès, plus de quatre ans après. Il a été condamné à deux ans de prison ferme par contumace, le 9 mai 2018 par un tribunal civil, pour insultes envers le président de la République défunt Béji Caïd Essebsi. Il a été libéré le lendemain suite à son opposition. L'affaire est oubliée depuis. Il a bénéficié d'un non-lieu le 5 février 2018 dans plusieurs affaires déposées contre lui par l'ancien ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem. Pourtant, les faits qui lui ont été reprochés étaient graves et documentés. Il est également poursuivi devant un tribunal militaire pour diffamation et propagation de fausses informations par plusieurs personnes dont l'ancien ministre de la Justice et de la Défense, Ghazi Jeribi. Malgré toutes ces plaintes, Maher Zid a réussi à se faire délivrer, on ne sait trop comment, une attestation judiciaire de levée de toute recherche contre lui. Il n'est pas interdit de penser que l'on a ouvert, depuis dimanche 25 juillet, ses anciens dossiers qu'il a réussi à étouffer dans les méandres de la justice. D'après ses avocats, il aurait été arrêté dans le cadre de l'affaire de l'aéroport et serait poursuivi devant un tribunal militaire. D'après nos informations, basées sur les déclarations le substitut du procureur général et porte-parole de la Cour d'Appel, Habib Torkhani, l'affaire de l'aéroport est instruite par le tribunal (civil) de première instance de Tunis.
Cette affaire remonte au mois de mars dernier lorsque la police des frontières a refusé le voyage d'une citoyenne suspectée d'être impliquée dans une affaire terroriste. Plusieurs élus d'Al Karama se sont alors dirigés vers l'aéroport Tunis-Carthage agressant verbalement les agents de police et tentant de faire voyager de force la suspecte. A l'époque, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a ordonné l'ouverture d'une instruction judiciaire. Depuis, rien ne s'est passé. Le parquet a convoqué les élus d'Al Karama, mais ces derniers ont refusé de se présenter devant lui, sous prétexte d'immunité parlementaire.
- Arrestation le lundi 2 août 2021 du député et président du parti « la voix de l'agriculteur », Fayçal Tebbini pour injures à travers les réseaux sociaux. On ignore s'il est poursuivi devant un tribunal militaire ou civil.
- Mandat d'amener contre Abdellatif Aloui. L'élu islamiste radical d'Al Karama a quitté son domicile depuis samedi 1er août et est introuvable depuis. Il fait l'objet d'un mandat d'amener du parquet de Tunis (civil) après avoir refusé de se présenter devant la justice dans l'affaire de l'aéroport. On ignore si l'élu a été inscrit dans le fichier des personnes recherchées et s'il y a eu émission d'un mandat de recherche contre lui.
- Mandat d'amener contre Rached Khiari. L'élu islamiste radical indépendant (ex Al Karama) fait l'objet d'un mandat d'amener émis par le tribunal militaire de Tunis depuis avril dernier. Il a fui son domicile et est resté caché jusqu'au mois de juillet, quand il s'est assuré que l'ancien chef du gouvernement Hichem Mechichi n'allait pas faire exécuter le mandat. Il s'est évaporé de nouveau dans la nature depuis le dimanche 25 juillet. Il est accusé d'atteinte au moral de l'armée, d'atteinte à l'essence du système militaire et le respect et l'obéissance dus à la hiérarchie, critique de l'état-major ou les responsables de l'armée de telle manière à toucher leur dignité, complicité dans des actes visant à troubler le moral de l'armée ou de la nation dans l'objectif de porter préjudice à l'armée nationale, complot contre la sûreté intérieure de l'Etat dans l'objectif de changer la composition de l'Etat ou pousser la population à s'attaquer mutuellement avec des armes, contacts avec des représentants d'un Etat étranger dans l'objectif de nuire à l'Etat tunisien sur le plan militaire.
Ce qu'on ignore : - Nous n'avons pour le moment aucune information concernant le député islamiste radical Seïf Eddine Makhlouf qui est également poursuivi dans l'affaire de l'aéroport. Le député a été par ailleurs condamné en 2019 à vingt mois de prison ferme pour injures et outrage contre le magistrat chargé de l'affaire de pédophilie et d'embrigadement d'une école de Regueb. Il a fait opposition ce qui rend caduc le jugement. Etrangement, l'affaire a été renvoyée à décembre 2021. - Nous n'avons pas non plus d'informations concernant d'éventuelles poursuites contre des députés suspectés de corruption ou de contrebande. Les exemples des abus des députés sont pourtant nombreux.
Cet article est évolutif et nous ne manquerons pas de l'actualiser à chaque fois qu'il y a une procédure engagée contre un député.