Le nouveau bureau exécutif du mouvement Ennahdha a estimé que le pays sombre dans l'inconnu et le flou depuis l'annonce de l'application des mesures exceptionnelles jusqu'à nouvel ordre par le président de la République. Dans un communiqué du 4 septembre 2021, le parti a qualifié ces mesures anticonstitutionnelles. Tout en rappelant que le pays est dépourvu de gouvernement, Ennahdha a considéré que celles-ci avaient bloqué le fonctionnement du pouvoir législatif et son rôle de contrôle. Il a, également, appelé à y mettre fin et à lever le gel de l'activité parlementaire. Le parti a estimé qu'il n'y a pas de vision relative à la sortie de cette situation exceptionnelle qui accentue les risques de la monopolisation du pouvoir. « Ceci approfondit la crise politique, économique, sociale et financière et perturbe le fonctionnement des institutions et des opérations au sein du pays, ainsi qu'à l'extérieur », lit-on dans le même communiqué. Par la suite, Ennahdha a affirmé son soutien à la lutte contre la corruption tout en respectant la législation en vigueur et l'impartialité de la justice. Le communiqué a mis l'accent sur la protection de celle-ci contre toutes ingérences ou pressions afin qu'elle puisse fonctionner dans le cadre de la préservation des droits et libertés et de la justice. Le communiqué a, aussi, évoqué la séparation, la collaboration et la résolution des litiges entre les pouvoirs et la garantie de l'indépendance de l'institution militaire et sécuritaire. Le nouveau bureau exécutif du mouvement Ennahdha a dénoncé les atteintes aux droits, libertés et dignités des tunisiens résultant d'instructions non-conformes à la loi et la Constitution. A ce sujet, Ennahdha a pointé du doigt les assignations à résidence et les interdictions de voyage. Le communiqué a, également, dénoncé les agressions sur des journalistes et l'intimidation répétitive des familles de députés poursuivis en justice. Pour ce qui est des institutions de l'Etat, le communiqué a condamné les attaques visant la justice et l'Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (Iinlucc), ainsi que l'accroissement des campagnes d'incitation et de lynchage exercées à grande échelle dans les médias et sur les réseaux sociaux. De plus, le mouvement a appelé à accélérer la formation du nouveau gouvernement légitime qui traitera les priorités économiques, sociales, financières et sanitaires, poursuivra les réformes en cours et élaborera le projet de loi de finances complémentaire pour l'année 2021 et le projet de budget de l'Etat pour l'année 2022.
Ennahdha a renouvelé son appel à un dialogue national entre les différents acteurs, qui portera notamment sur le régime politique et la loi électorale. « Ceci afin d'ouvrir de nouveaux horizons politiques et de se préparer à desélections… qui restitueront le pouvoir au peuple », lit-on dans ce communiqué.
Enfin, et pour ce qui est des affaires internes du parti, le bureau exécutif a expliqué qu'il suit les préparatifs relatifs à la tenue du onzième congrès du mouvement afin de garantir la réussite de cet événement et qu'il soit synonyme de changement dans l'histoire du parti.
A noter que la nouvelle composition du bureau exécutif du mouvement Ennahdha n'a pas été communiquée. A la surprise de tous, le président du mouvement, Rached Ghannouchi, a annoncé la dissolution de l'ancien bureau le lundi 23 août 2021. Ceci avait délié les langues au sein même du mouvement Ennahdha. A titre d'exemple, Abdellatif Mekki avait affirmé que plusieurs membres du bureau exécutif avaient présenté leurs démissions avant l'annonce de la dissolution. Par la suite, d'autres dirigeants du mouvement avaient critiqué le règne unilatéral de Rached Ghannouchi. En guise de réaction, le cheikh a annoncé le gel de Imed Hammemi.