Ennahdha a publié, ce samedi 11 décembre 2021, un communiqué de presse, où il a mis en garde contre les dangers de « l'abolition de la constitution ». Le mouvement est d'abord revenu sur l'incendie qui a ravagé jeudi dernier les locaux de son siège à Montplaisir, soulignant que « les causes de l'incendie qui s'est déclaré au rez-de-chaussée et qui a coûté la vie au militant Sami Sifi restent à l'heure actuelle inconnues ».
Ennahdha a considéré que l'acte de Sami Sifi, qui s'est immolé au sein du siège du parti, est dû à l'injustice et à l'oppression dont il a été victime, avant la révolution puis durant le processus de justice transitionnelle qui lui a violé ses droits, soulignant que les militants du parti sont persécutés et constamment diabolisés.
Dans un autre contexte, le mouvement islamiste a exprimé son rejet des « tentatives d'abolition de la constitution de 2014 », et de la tendance à dessiner unilatéralement le système politique et juridique de la Tunisie. Il a mis en garde contre les conséquences de compromettre les fondements constitutionnels du pouvoir par des décrets et d'amener le gouvernement à une crise de légitimité aux conséquences fâcheuses sur la stabilité du pays.
Ennahdha s'est aussi dit très préoccupé par la situation économique du pays au vu du retard dans la publication de la Loi de finances pour l'année 2022, des ressources nécessaires pour couvrir le budget et les orientations de la politique de l'Etat en la matière. « Le pays connaît un blocus financier extérieur, des hausses de prix sans précédent, une incapacité à payer des cargaisons de céréales importées, une crise des institutions économiques, des retards dans le paiement des salaires (…) tout cela en l'absence d'une vision claire pour faire face à la crise économique et sociale et en soulevant des problématiques politiques et des conflits qui ne font pas partie des priorités des citoyens » précise le mouvement.
Il a ensuite salué l'appel du président de la République, Kaïs Saïed, à la cohabitation et au respect de la différence. Un appel que le chef de l'Etat a lancé lors du conseil de sécurité tenu tard dans la soirée du jeudi.
Ennahdha a aussi exprimé son soutien au CSM et appelé le président à respecter l'indépendance de la justice et à cesser de harceler les juges, de tenter d'annuler les listes électorales de 2019, d'éliminer ses opposants et de contester les lois promulguées par le Parlement pour justifier sa dissolution.
Il a alerté sur les dangers du discours clivant, prônant l'exclusion, l'hostilité et l'incitation à viser les opposants politiques et dit tenir « l'autorité en place » pour pleinement responsable de ce qui peut résulter des discours de la commémoration de la révolution le 17 décembre.
Ennahdha a souligné son refus que la révolution soit détournée par un dirigeant qui a décidé de déterminer seul sa date de commémoration, qui a violé la constitution et teint le 17 décembre d'une teinte personnelle, comme ce qu'il a fait à la fête de la République le 25 juillet.
Le mouvement a enfin appelé le Conseil de la Choura à redoubler d'efforts pour accélérer la tenue de son congrès national et s'est dit prêt à lutter pacifiquement et à intensifier les formes de militantisme aux côtés de toutes les forces politiques et populaires afin de reprendre la vie démocratique, de revenir à une stabilité politique indispensable et de préserver la légitimité et la constitution.