Six mois que le président de la République, Kaïs Saïed et le secrétaire général de l'UGTT ne s'étaient rencontrés. Samedi 15 janvier 2022, cette longue « séparation » a pris fin. Noureddine Taboubi était convié à Carthage pour une entrevue qui a duré trois heures, selon nos sources. Pour souhaiter la bienvenue au secrétaire général de la centrale syndicale, le chef de l'Etat a déclamé un poème signifiant qu'il n'existe aucune dissension. « Le contact n'a pas été rompu entre nous et beaucoup ne le savent pas », a déclaré le Président, révélant de nombreux entretiens téléphoniques où les deux hommes échangeaient les points de vue et ou Kaïs Saïed rappelait à Noureddine Taboubi l'Histoire de l'UGTT… « Les mensonges ne nous ébranlent pas ! Nous avons choisi d'œuvrer selon les mêmes principes et convictions. Nous connaissons l'importance du rôle de l'UGTT qui ne s'arrête pas seulement à l'action syndicale, mais qui assure également un rôle national dans plusieurs occasions et à plusieurs niveaux. Les Tunisiens n'oublieront jamais les positions de principes de l'organisation, notamment la question palestinienne ». Kaïs Saïed a aussi rappelé les réformes proposées par l'UGTT en citant la réforme de l'éducation en 1954 et le programme social et économique en 1956… Il a rappelé également le rôle joué par les syndicalistes dans les années 70 et le congrès historique tenu à Carthage en 1977… Nostalgique, le Président a relaté comment il avait alors rencontré Taboubi et d'autres syndicalistes et comment il lisait le journal Achaâb… « C'était une étape historique et aujourd'hui nous vivons aussi une période historique ». Ce à quoi Taboubi répond qu'il s'agit d'une ère de la nouvelle édification. « Oui, c'est bien cela, réplique Saïed, nous travaillerons ensemble en se basant sur nos convictions communes. Bien évidemment, nous acceptons la discussion avec les parties qui sont prêtes à la négociation afin d'assurer un nouveau futur à la Tunisie. Toutefois, je le redis, nous n'accepterons jamais de dialoguer avec les voleurs ».
A l'issue de la rencontre, Noureddine Taboubi a déclaré : « Nous avons souligné l'importance d'une solidarité nationale sincère sans laquelle on ne pourra rien bâtir. Au cours de cette période délicate que traverse le pays, il faut faire montre de beaucoup de calme et de sagesse. La Tunisie ne peut s'en sortir que dans un cadre participatif. Notre bataille aujourd'hui est économique et sociale en premier lieu, mais également politique ». Le secrétaire général assure avoir abordé la question de la liberté d'expression et de manifester librement, signifiant que ces acquis ne seront pas ébranlés. « J'espère, pour la période à venir, que tous soient conscients que la Tunisie a besoin d'une unité nationale véritable se basant sur des visions qui mettent l'humain et les classes défavorisées comme priorité ». Noureddine Taboubi a conclu son mot en ces termes : « Le monde nous regarde et nous scrute, mais la volonté nationale de toutes les composantes de la société civile et politiques, qui croient en l'Etat civil et social, peuvent créer le printemps tunisien. Nous pouvons apprendre des erreurs passées et se tourner vers un meilleur avenir ».