Membre du Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l'avocat Abdennaceur Aouini a commenté, mercredi 19 janvier 2022, la libération de Mustapha Khedher après huit ans de détention. Inculpé de 23 chefs d'accusations – dans l'affaire des assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi – ce dernier a été libéré, lundi. Mustapha Khedher était, selon le Comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, le responsable de l'appareil secret affilié au mouvement islamiste Ennahdha en rapport avec les assassinats de Belaïd et Brahmi. Il est aussi l'un des accusés dans l'affaire de « Baraket Sahel ». Dans une intervention sur Shems FM, il a signalé que l'affaire Mustapha Khedher avait servi de couverture pour des dossiers plus dangereux – intelligence, association de malfaiteurs et fabrication d'explosifs – qui touchent à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Notant qu'aucune investigation n'a été ouverte dans ces dossiers, il a affirmé que des dirigeants nahdhaouis de premier rang étaient impliqués dans ces affaires, en plus de Mustapha Khedher. « Dès que nous avons dénoncé l'existence de l'appareil secret d'Ennahdha, nous sommes entrés en conflits avec le parquet près le Tribunal de première instance de Tunis, le procureur de la République, Béchir Akremi, et le ministre de l'Intérieur. Deux instructions avaient alors été ouvertes (…) mais aucune procédure n'a été engagée depuis. Les juges d'instruction en charge du dossier auraient pu au moins auditionner les suspects », a-t-il indiqué ajoutant que le banc des accusés compte seize prévenus dont Fathi Baldi – actuellement assigné à résidence – , et Ridha Barouni.
Abdennaceur Aouini a rappelé que la plainte déposée par le Comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi comptait 27 suspects dont Rached Ghannouchi. « Selon les documents saisis chez Mustapha Khedher, Rached Ghannouchi est lui-même le chef de l'appareil secret d'Ennahdha. Sur la liste des 27 prévenus, Béchir Akremi n'en a gardé que dix et a ajouté six qui ne figuraient pas sur notre liste. Aucun n'a été convoqué ou auditionné car sur les dix dernières années la justice a été domptée pour ne servir que les intérêts d'Ennahdha », a-t-il fait savoir.