Le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Ferid Belhaj, a souligné l'impact du conflit russo-ukrainien sur la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). « L'actuelle zone de conflit semble éloignée, mais ce n'est qu'une apparence. À peine 1 000 km séparent les deux régions si l'on trace une ligne droite imaginaire entre l'Ukraine et les pays du Moyen-Orient », a-t-il écrit dans un article publié par la Banque mondiale à la date du 7 mars 2022. Ferid Belhaj a rappelé que plusieurs pays de la zone MENA étaient des partenaires commerciaux de l'Ukraine et de la Russie. Ceci, selon lui, risque d'aggraver l'insécurité alimentaire et la qualité de vie dans la région. « Nous pouvons résumer les principaux types d'impact à travers 5 catégories, dont : 1) Les chocs des prix des produits alimentaires (particulièrement le blé), 2) La hausse du prix du pétrole et du gaz, 3) l'aversion mondiale face au risque/le repli sécuritaire (ce qui pourrait affecter les flux de capitaux privés vers l'ensemble des marchés émergents), 4) Les transferts de fonds, et 5) le tourisme », a-t-il ajouté. Il a considéré que ce conflit profitera aux pays producteurs de gaz et de pétrole. Néanmoins, les pays hors secteur pétrolier pourraient subir une aggravation des tensions sociales notamment en raison des hausses des prix des hydrocarbures. Il a, également, évoqué, l'impact sur le secteur touristique des pays accueillant un nombre important de visiteurs russes et ukrainiens. Citant l'exemple de la Tunisie, Ferid Belhaj a souligné l'impact de la guerre sur les pays dépendant de l'Ukraine et de la Russie pour leurs importations alimentaires, en particulier pour le blé et les céréales. « La crise devrait perturber les chaînes d'approvisionnement des céréales et des oléagineux, augmenter les prix des aliments, et faire monter en flèche les coûts de la production agricole nationale », a-t-il écrit. Il a expliqué que la hausse des coûts des marchandises relatives à la production de céréales provoquera une diminution de leur utilisation et une baisse du rendement et des revenus. Ceci, selon lui, risque d'affecter de manière disproportionnée ceux qui sont pauvres et vulnérables, et dépendants de l'agriculture pour leurs revenus. Il a rappelé que la région MENA n'a représenté que 6 % de la population mondiale totale, mais plus de 20 % des personnes gravement frappées par l'insécurité alimentaire. « Dans des pays comme le Maroc, la Tunisie et l'Egypte, nos opérations de soutien budgétaire peuvent s'avérer particulièrement efficaces. Il est, en effet, prévu que la crise sera essentiellement ressentie au niveau des contraintes macro-fiscales nationales », a-t-il poursuivi. Par la suite, Ferid Belhaj a affirmé que la Banque mondiale était prête à renforcer le soutien à la production et à la commercialisation agroalimentaire, à la gestion du risque agricole et à la gestion des réserves alimentaires dans les pays subissant des chocs au niveau des coûts de l'énergie et des engrais ou une combinaison des deux, ou d'autres facteurs comme les tensions liées à la sécheresse et au climat. « Dans l'immédiat, nous sommes également prêts à élargir les programmes de protection sociale axés sur la nutrition dans certains pays en nous appuyant sur le travail réalisé depuis 2020 dans le contexte de la réponse à la pandémie de Covid-19 », a-t-il ajouté.