Si un personnage politique use de l'invective et de l'insulte, sachez qu'il ne vaut pas mieux que ceux et celles qu'il cible. Que le président Kaïs Saïed soit un dictateur qui viole les lois et la constitution, ceci est un fait indéniable. Mais cela n'autorise pas cependant à ce qu'on l'insulte surtout si l'on se prétend intellectuel et qu'on a occupé, pendant un temps, la magistrature suprême. C'est le cas de Moncef Marzouki qui a publié aujourd'hui un post Facebook pour invectiver Kaïs Saïed en usant d'un vocabulaire ordurier, indigne d'un ancien chef d'Etat. Dans son post, M. Marzouki qualifie son successeur de « pion de la contre-révolution et haut parleur de tous ceux qui luttaient contre la troïka ». Il le traite de « traître et de collaborateur des pires ennemis de la révolution et du printemps arabe », à savoir les Emirats et l'Egypte. « Honte à toi, la révolution est plus honorable pour qu'elle ait la moindre relation avec quelqu'un comme toi qui sera bientôt jeté à l'hôpital psychiatrique de Razi au meilleur des cas et à la prison de la Mornaguia au pire », a conclu l'ancien président de la République. Bon à noter, les réseaux sociaux tunisiens sont remplis de ce type d'insultes et d'invectives de la part des partisans de Kaïs Saïed et de ses opposants. Quand la soi-disant élite agit comme Moncef Marzouki, il ne faut plus s'étonner que la base use du même lexique. Le souci est que Moncef Marzouki n'a rien à craindre puisqu'il est revenu à Paris, là où il était avant la révolution. Il ne ressentira rien des conséquences de ce type d'invectives et des risques de dérapages dans la rue. Il se prétend révolutionnaire alors qu'il n'a fait que profiter pleinement de cette révolution. Durant son court mandat, avec ses partenaires de la troïka, il a vidé les caisses de l'Etat et les réserves laissées par l'ancien régime. C'est lui qui a donné le feu vert pour que la Tunisie aille s'endetter au FMI et c'est lui qui a été le tout premier, avec ses amis islamistes revenus de Londres, à diviser les Tunisiens et à les appauvrir. Il n'y a pas un doute, aux yeux de millions de Tunisiens, il vaut mieux avoir un Kaïs Saïed avec tous ses dérapages (et il n'a que ça) qu'un Moncef Marzouki et les islamistes. Si M. Marzouki veut sincèrement aider la Tunisie et la débarrasser de Kaïs Saïed, il ferait mieux de se taire et de se faire oublier. En rappelant son existence et en donnant sa position avec un tel vocabulaire indécent, il ne fait que jeter les Tunisiens dans les bras de Kaïs Saïed en le rendant sympathique.