Certains produits de base sont manquants sur le marché. Depuis quelque temps, les consommateurs tunisiens se plaignent du manque de quelques denrées, en particulier le sucre. La pénurie est-elle donc de retour ? Depuis début 2022, le pays a enregistré des pénuries sur certains produits de base, notamment à cause de la hausse des prix à l'international ainsi que la hausse du prix de fret. Mais avec le conflit ukraino-russe, les choses se sont accentuées, surtout que cette région fournit une grande partie du monde en céréales et en particulier les pays de l'Afrique du Nord, dont la Tunisie. En 2021, le pays a réalisé 60% de ses importations de blé tendre et 66% de ses importations d'orge avec la Fédération de Russie et l'Ukraine. Résultats des courses, la Tunisie a connu en mars des pénuries sur divers produits de base comme l'huile végétale, le sucre, la farine, la semoule,… . Ces déficiences ont causé des pénuries sur des aliments utilisant ces ingrédients comme celle du pain.
Un phénomène qui n'a pas touché que la Tunisie car, et juste à titre d'exemple, un pays comme la France a connu une pénurie d'huile végétale. Cela a bien sûr engendré une flambée des prix au niveau international et une inflation record partout dans le monde, rendant l'accès à certains produits difficile. Or, depuis quelques semaines, certains produits sont manquants sur le marché. Les consommateurs tunisiens évoquent un manque persistant de sucre et même de riz. Il y a même des biscuits introuvables à cause de la pénurie de sucre. Le hic est que vu la conjoncture internationale, la situation risque d'empirer. Tout d'abord, la guerre en Ukraine a déstabilisé toute la région et a créé des pénuries au niveau mondial, provoquant une flambée des prix, rendant l'accès de pays aux ressources limitées comme la Tunisie à certaines denrées difficiles. Ensuite, l'afflux des Tunisiens résidents à l'étranger ainsi que des touristes va sûrement envenimer encore les choses, créant une demande supplémentaire. Enfin, avec la réouverture des frontières terrestres avec l'Algérie, cela va créer une demande supplémentaire. Le gouvernement est-il prêt à faire face à cela ? Rien n'a été communiqué à ce sujet, mais la seule vérité est que les Tunisiens ont remarqué le manque de certains produits alors que la saison touristique vient à peine de commencer.
Entre temps et pour garantir la sécurité alimentaire des Tunisiens et vu les problèmes budgétaires de la Tunisie faute d'accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) aggravé par la guerre en Ukraine, plusieurs bailleurs de fonds et pays amis se sont mobilisés pour apporter une aide financière. La Banque mondiale a récemment annoncé avoir approuvé un prêt de 130 millions de dollars en faveur de la Tunisie destiné à atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine sur la situation alimentaire. Un prêt qui permettra de financer les importations de blé tendre qui sont vitales pour le pays et de fournir un soutien d'urgence pour couvrir les importations d'orge pour la production laitière et les besoins en semences des petits exploitants agricoles pour la prochaine campagne céréalière. Selon le communiqué de l'institution financière, le projet vise à éviter des ruptures d'approvisionnement en pain au cours du troisième trimestre 2022 en finançant des achats urgents de blé tendre équivalant à un mois et demi de consommation. Le financement aidera également la Tunisie à se procurer quelque 75.000 tonnes d'orge fourragère pour couvrir les besoins des petits producteurs laitiers pendant environ un mois, ainsi que 40.000 tonnes de semences de blé de qualité pour assurer la prochaine campagne de semis, qui commencera au mois d'octobre. Idem et dans ce même cadre, le gouvernement japonais avait décidé, la semaine dernière, d'octroyer un don de un million de dollars américains, pour renforcer la capacité du gouvernement tunisien à atténuer l'impact des pénuries de produits à base de blé et de l'inflation des prix induite par l'agression de l'Ukraine par la Russie. Ce don permettra, à travers le Programme alimentaire mondial (PAM), l'assistance alimentaire aux populations les plus vulnérables et sera mis en œuvre dans trois gouvernorats : Kairouan, Kasserine et Siliana. Dans ce cadre, le PAM envisage d'appuyer le ministère tunisien des Affaires sociales dans le renforcement de sa capacité à mettre en œuvre une distribution alimentaire améliorée à travers le pays à environ 75.00 familles nécessiteuses inscrites au programme "Amen Social" mais qui ne bénéficient pas de transferts d'argents permanents.
La Tunisie fait face actuellement à une pénurie de certaines denrées alimentaires. La conjoncture internationale et l'affluence de touristes et des Tunisiens non-résidents pourraient envenimer davantage la situation. Affaire à suivre.