Le chef du mouvement islamiste Rached Ghannouchi comparaît, mercredi 3 août 2022, devant l'Unité centrale de la Garde nationale à l'Aouina, pour avoir qualifié les sécuritaires de « Taghout », a annoncé le mouvement islamiste Ennahdha dans un communiqué. Les faits remontent à février 2022. Une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux met en scène Rached Ghannouchi prononçant un éloge funèbre à Tataouine lors de l'enterrement du membre du conseil de la Choura du mouvement et ancien directeur du bureau d'Al Jazeera Mubasher en Tunisie, Farhat Laâbar. Il a, alors, indiqué que le défunt était courageux et ne craignait pas le « Taghout ».
Dans le vocabulaire islamique, le Taghout – qui prend sa racine du mot « toghiane » – est quiconque dépasse ses limites, puis s'attribue à lui-même un droit exclusivement réservé à Allah et se place à l'égal d'Allah dans ce qu'il s'est réservé. Ce terme est polémique puisqu'il rappelle l'appellation désignant les forces de l'ordre utilisée que par les terroristes pour justifier les attaques visant les soldats et les agents sécuritaires. Commentant l'affaire, Ennahdha a signalé, dans son communiqué, que cette affaire n'était qu'un autre épisode de la campagne contre les opposants politiques du « coup d'Etat », en référence au président de la République, Kaïs Saïed.
Le parti a qualifié de « ridicule » cette nouvelle tentative du pouvoir en place de « fabriquer un dossier » contre Rached Ghannouchi, notant que le mot « Taghout » porte une autre signification et sans allusion aucune aux sécuritaires. « Le mouvement tient à rappeler que Rached Ghannouchi est un des symboles de l'idéologie modérée et a passé sa vie à défendre les libertés et la démocratie et à combattre la tyrannie, l'extrémisme », a ajouté Ennahdha. Le leader du mouvement islamiste a, rappelons-le, été cité à comparaitre dans plusieurs autres affaires. Il est visé par plusieurs accusations dans les affaires de Namaa Tounes, Instalingo et l'appareil secret d'Ennahdha.