Plusieurs personnalités politiques et figures nationales ont réagi à la décision du président de la République, Kaïs Saïed, au sujet de l'amendement qu'il envisage apporter à la nouvelle loi électorale élaborée par ses propres soins. Du déjà vu ? En effet. Après avoir publié sa nouvelle constitution le chef de l'Etat a introduit plusieurs modifications en guise de corrections après avoir constaté quelques erreurs qui se sont glissées dans le texte. Pour ce qui est de la nouvelle loi électorale, les modifications concernent les parrainages. Dans la nuit de vendredi 7 octobre 2022 lors de réunion avec sa cheffe de gouvernement, Najla Boude, le locataire de Carthage a exprimé son mécontentement du déroulement des choses notant des infractions en lien avec la collecte des parrainages. Les candidats aux législatives doivent, selon le nouveau Code électoral, collecter 400 parrainages pour ensuite être en mesure de déposer leur candidature auprès de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Commentant cette annonce, la professeure de droit constitutionnel, Salsabil Klibi a signifié son exaspération dans un bref satut sur sa page Facebook : « Et puis quoi encore ?! ».
Le dirigeant du collectif Citoyens contre le coup d'Etat, Jaouhar Ben M'Barek a, de son côté, affirmé qu'il avait déjà mis en garde contre une démarche similaire. « Je vous ai bien dit qu'il y aura prochainement 'une nouvelle fuite' ; cette fois-ci dans la loi électorale, il annulera les parrainages. Ses acolytes n'ont pas réussi à les collecter et ils ont commencé à brandir la menace du boycott. Chez le tailleur Kaïs Saïed, tous types de couture sur mesure : constitutions, circulaires, décisions, décrets… Essayez puis portez aux frais de la maison », a-t-il écrit sur sa page Facebook. Le député d'Attayar, Hichem Ajbouni, a, lui, aussi donné son avis sur la question. « La hauteur stratosphérique plonge dans l'absurdité ! Nous sommes à présent à l'ère où l'on corrige ce qui a été déjà corrigé, où l'on amende ce qui a déjà été amendé et où l'on change ce qui a été déjà changé. Monsieur le Président, pourquoi donc des élections et des milliards de milliards de dépenses ? Vous avez écrit une constitution sur mesure, vous avez amendé la loi électorale à votre guise, et vous êtes en train de tisser un costume pour le pays à votre goût. Allez-y ! Choisissez donc des députés sur mesure et évitez aux Tunisiens et Tunisiennes le mal des parrainages, de la légalisation de signature et de la démocratie ! », a-t-il indiqué dans un statut sur sa page Facebook. L'ancien ministre des Domaines de l'Etat et actuel secrétaire général d'Attayar, Ghazi Chaouchi, a, de son côté, avancé dans un bref statut sur sa page Facebook, en référence à Kaïs Saïed : « L'erreur qui doit être corrigée est celle qui s'est glissée à Carthage ».
La décision d'amender la loi électorale venait en réaction à l'annonce de l'Isie qui a, affirmé, jeudi, que certains candidats aux législatives avaient été saisis en flagrant délit de frauder. Ceux-ci ont tenté, selon l'Isie, d'obtenir des parrainages en utilisant des ressources publiques ou encore en offrant des contreparties pécuniaires ou matérielles. Le ministère public a autorisé l'ouverture d'une enquête et placé les suspects en garde à vue.