Suite à l'arrestation, dans la soirée de lundi 13 février 2023, du directeur de Mosaïque Fm, Noureddine Boutar, la mobilisation de la profession s'est organisée, dénonçant des tentatives du pouvoir en place de faire taire les journalistes. Dans un communiqué, la rédaction de Mosaïque Fm a rappelé que l'arrestation du directeur général a été précédée par une campagne incitative de diabolisation et de stigmatisation contre la radio et l'ensemble de son équipe, menée par des parties connues. L'équipe affirme aussi son attachement inaliénable à l'indépendance de sa ligne éditoriale et à sa mission journalistique, dans le respect de sa Charte rédactionnelle. Le communiqué assure que la garde à vue de M. Boutar est en lien avec la ligne éditoriale de la radio et qu'elle n'a rien à voir avec l'affaire de complot contre la sécurité de l'Etat, comme l'a affirmé Dalila Msaddek, son avocate présente à l'audition et contrairement aux rumeurs répandues.
De son côté, la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ) a exprimé sa solidarité indéfectible avec son confère et appelé à sa libération : « La ligne éditoriale de la radio, la gestion de ses biens et de ses finances ne constituent pas un crime ». « Inquiète de la dégradation continue de la situation du secteur de l'information et de la communication, la FTDJ désapprouve toute arrestation arbitraire et contraire aux procédures d'usage, notamment celle de notre confrère qui aurait pu répondre aux dites questions par une simple convocation tout en restant en liberté. La Fédération réitère son attachement au libre exercice de l'expression, de la presse et de l'édition et renouvelle son engagement à les défendre contre tous les abus ».
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé, pour sa part, que toutes les données confirment que l'arrestation vise en réalité la ligne éditoriale de la radio, dénonçant l'utilisation du président de la République de son pouvoir pour asservir les médias et inciter contre les journalistes. Le SNJT a aussi dénoncé les tentatives d'intimidation et de fabrication d'accusations pour faire plier les médias en flagrante violation des décrets 115 et 116. Le syndicat a annoncé qu'il poursuivra la lutte pour la liberté de la presse et d'expression en Tunisie quel qu'en soit le prix, appelant les journalistes à se mobiliser lors de la journée de colère prévue le 16 février à la place de la Kasbah. Le SNJT a fait par ailleurs appel au sens des responsabilités de la société civile tunisienne à joindre le mouvement de résistance.