La vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Amira Mohamed a indiqué qu'une procédure internationale sera intentée contre le décret n°54 du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d'information et de communication. À l'occasion d'une interview accordée le 12 avril 2023 durant « La Matinale » de Malek Khaldi sur Shems Fm, Amira Mohamed a considéré que ce texte de loi avait été promulgué pour des raisons politiques. Il s'agit d'un décret visant à faire taire les journalistes et à les empêcher de faire leur travail. « Jusqu'à maintenant, la majorité des plaintes déposées en vertu du décret n°54 contre les journalistes, les activistes et les blogueurs émanent de ministres… Ils doivent comprendre qu'émettre des critiques est un droit dont disposent le citoyen, le journaliste et tout individu se trouvant en Tunisie. Ils doivent cesser leurs tentatives de manipuler les médias et de harcèlement des journalistes afin de les faire taire… Nous avons appelé le président de la République (Kaïs Saïed) à retirer le décret… Ce décret est en contradiction avec les traités internationaux et la constitution », a-t-elle ajouté. Amira Mohamed a rappelé que les journalistes, Monia Arfaoui et Mohamed Boughaleb avaient été convoqués par la justice pour être entendus à la même date. Mme Arfaoui fait l'objet de trois plaintes déposées par le ministre des Affaires religieuses, Brahim Chaibi. La première porte sur le dossier du pèlerinage à La Mecque, la deuxième sur une publication Facebook le critiquant et la troisième porte sur l'affaire de la voiture BMW modèle X6. Il s'agit de la voiture mise à disposition du ministre. M. Boughaleb avait révélé l'affaire. Le véhicule appartenait à un citoyen tunisien ayant opté pour un retour définitif de l'étranger. En raison de suspicion de vol, la voiture avait été saisie par la douane tunisienne et placée dans l'un de ses entrepôts. Par la suite, ce citoyen a été surpris de découvrir que la voiture avait été attribuée au ministère des Affaires religieuses. M. Boughaleb a fait l'objet d'une plainte déposée par le ministre en raison d'une chronique radio de quelques minutes dévoilant la chose. La voiture a été placée, encore une fois, dans un entrepôt de la douane après une intervention de la justice tunisienne. Ceci confirme, donc, le récit de Boughalleb. Amira Mohamed a critiqué l'attitude du ministère public lors de l'audition de Mohamed Boughalleb. Ce dernier, qui souffre d'une maladie chronique, était resté assis sur une chaise durant quatre heures sans accès à ces médicaments pour être finalement laissé en liberté. Amira Mohamed a appelé à ouvrir des enquêtes contre les responsables et hauts cadres faisant l'objet de corruption au lieu de poursuivre les journalistes en justice. Elle a estimé qu'il s'agissait d'une politique d'Etat cherchant à soumettre les médias et à porter atteinte à la liberté de la presse afin de ne plus révéler les affaires de corruption.