Le mémorandum d'entente entre l'Union européenne et la Tunisie signé dimanche par le président de la République Kaïs Saïed est truffé de pièges selon l'ancien député Hatem Mliki. Invité de Wissal Kasraoui dans la Matinale de Shems FM, il a noté que la Tunisie devrait se focaliser sur les moyens de faire tourner à son avantage les termes de ce MoU portant sur trois domaines de coopération. Sur l'axe formation et coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur, la Tunisie pourrait se retrouver face à un exode formalisé des compétences, selon Hatem Mliki. Si l'économie tunisienne n'arrive pas à contenir ces compétences, elles finiront sur le marché de l'emploi européen. Le deal implique, à son sens, un appui de la part de l'Union européenne sur la formation des compétences tunisiennes en échange d'une partie de ces compétences. « Cela devient un problème quand le pays n'a pas une dynamique d'employabilité et n'a pas les moyens de retenir les compétences (…) C'est comme si in fine la Tunisie avait loué ses universités et ses compétences à l'Union européenne », a-t-il avancé.
Pour ce qui est de la transition énergétique, Hatem Mliki a relevé les répercussions de l'extraction d'hydrogène présenté comme énergie verte sur l'environnement notant que l'extraction de l'hydrogène pour produire, ensuite, de l'électricité nécessite un processus qui n'est pas sans impact sur les ressources maritimes ; l'électrolyse dans des stations de dessalement d'eau de mer.
Il a, également, pointé du doigt l'industrie de l'énergie renouvelable en Tunisie rappelant que le pays paye, en devise, des sociétés étrangères pour produire de l'électricité à partir du photovoltaïque.
Revenant sur la question de la migration, l'ancien député a noté que les négociations à ce sujet étaient menées par la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni qui a réussi à convaincre le gouvernement tunisien de son projet de rapatriement des migrants tunisiens clandestins depuis l'Italie et l'Europe, de façon générale.
Il a ajouté qu'un accord de « partenariat opérationnel renforcé » avait été conclu pour réduire le flux migratoire en Europe à travers une coordination sur le terrain avec la Tunisie dont les modalités ne sont pas encore connues.
Dimanche, le président de la République Kaïs Saïed a signé un mémorandum d'entente entre la Tunisie et l'Europe lors d'une rencontre avec la présidente du Conseil Italien, Giorgia Meloni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre néerlandais démissionnaire, Mark Rutte.
Les grandes lignes de ce mémorandum ont été communiquées par Mme von der Leyen mais ce qui incombe exactement à la partie tunisienne, en vertu de ce MoU demeure flou.
Le mémorandum d'entente porte sur la stabilité macroéconomique de la Tunisie, le commerce et l'investissement, la transition énergétique verte, le rapprochement entre les peuples, et la migration et la mobilité. Il devrait être mis en œuvre dans le cadre des différents volets de la coopération entre l'Union européenne et la Tunisie, conformément aux règlements et procédures applicables en la matière, selon Mme von der Leyen.