Une vingtaine d'organisations et d'associations a dénoncé, dans un communiqué conjoint daté de vendredi 18 août 2023, le ciblage continu, depuis plus d'un an, de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) en la personne de son président Anas Hmaidi. En effet, la veille, le comité de défense des magistrats révoqués par décret présidentiel a annoncé que M. Hmaidi est convoqué lundi 21 août 2023 devant le juge d'instruction près le Tribunal de première instance du Kef, après la levée de l'immunité par le Conseil supérieur provisoire de la magistrature (CSM provisoire). Il comparaît, selon lui, pour une affaire d'entrave à la liberté de travail, qui lui a été imputée lors de la grève des magistrats, en juin 2022, suite à la révocation de 57 magistrats. Parmi les signataires : la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l'Instance nationale pour la défense des libertés et de la démocratie, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie, l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles, l'Organisation tunisienne de lutte contre la torture, l'Association Al Karama pour les droits et les libertés, le Réseau tunisien pour la justice transitionnelle et EuroMed Rights.
Les signataires estiment que ce harcèlement a pris diverses formes, allant de campagnes publiques de diffamation qui ont affecté la vie personnelle d'Anas Hmaidi et d'autres juges indépendants, à son harcèlement par l'Inspection générale du ministère de la Justice en le convoquant plus de quatre fois en raison de son activité syndicale de l'année dernière. Car parallèlement au processus judiciaire, le ministère de la Justice a lancé une procédure disciplinaire, pour les mêmes faits, contre le président de l'AMT devant le conseil de discipline du CSM provisoire : sa comparution devant ce dernier est prévue septembre prochain. Les organisations et les associations ont estimé « les poursuites engagées contre M. Hmaidi par la ministre de la Justice et le parquet, notamment son passage devant le conseil de discipline et l'enquête à cause de ses activités de président de l'AMT défendant les intérêts des magistrats, s'inscrit dans le cadre de la poursuite des atteintes du pouvoir établi à l'indépendance de la justice et des atteintes au droit d'expression des magistrats quant à leur refus de l'assujettissement de la justice » Ce procès témoigne de la persistance du ciblage du droit syndical des magistrats et de la poursuite du harcèlement des magistrats en exercice, en cherchant à semer un climat de peur et d'intimidation dans leur rang.
Les signataires appellent toutes les composantes de la société civile et les forces vives attachées à la démocratie et à l'indépendance de la justice, à exprimer leur solidarité au président de l'AMT. Ils appellent aussi le pouvoir en place à cesser les poursuites en cours à son encontre, à cesser toutes formes de harcèlement et de pression contre l'AMT ou toute autre composante de la société civile, défendant l'indépendance du pouvoir judiciaire.