Dix huit organisations et associations tunisiennes ont rendu public un communiqué, mardi 19 septembre 2023, appelant à faire face aux dérives autoritaires du président de la République. Dans leur communiqué, les organisations estiment que le président de la République, Kaïs Saïed, depuis sa prise de pouvoir, continue d'utiliser les forces de sécurité et de justice pour réprimer la voix de tous les opposants à ses décisions unilatérales et pour assujettir les institutions de l'Etat à ses politiques personnelles. « Le nombre croissant de poursuites judiciaires à l'encontre de journalistes, d'opposants, de syndicalistes, d'avocats, de juges et de militants vise principalement à soumettre le domaine politique et civil au contrôle et à la surveillance », relèvent les signataires. Ils soulignent ainsi que des textes de loi répressifs ont été adoptés, des décrets préjudiciables aux droits et aux libertés ont été promulgués, et des accusations arbitraires ont été portées principalement pour donner l'impression au peuple tunisien qu'il existe des crimes contre la sûreté de l'Etat, « ce qui menace de déclarer un état d'urgence des droits compte tenu de l'abus actuel du pouvoir politique dans l'utilisation abusive du pouvoir, de la loi, de la criminalisation implicite et explicite de la liberté d'expression, d'association, de rassemblement pacifique, et du droit de se défendre, ainsi que de l'atteinte flagrante aux droits civils et politiques que le peuple tunisien a acquis lors de la révolution ». En suivant l'évolution politique et judiciaire, et en surveillant les agressions et les violations des droits et des libertés, la Coalition pour les Libertés et les organisations de la société civile signataires ci-dessous appellent : Les autorités compétentes à mettre fin immédiatement à toutes les poursuites pénales arbitraires à l'encontre des syndicalistes, des journalistes, des opposants et des militants et à libérer tous les détenus en raison de leur activité politique, professionnelle, syndicale et civile. Le président de la République tunisienne à respecter les droits et les libertés, à cesser de criminaliser l'association, la liberté d'expression et à respecter les traités et conventions internationaux ratifiés par l'Etat tunisien. Le pouvoir exécutif à ne pas mêler l'action politique et la vie politique et civile dans les juridictions, à cesser de militariser et de politiser l'espace public. À mettre fin à la création d'un climat politique visant à persécuter les acteurs civils et politiques et à s'opposer à toutes les voix de l'opposition, tout en éloignant les institutions de l'Etat des orientations unilatérales du président. De plus, la Coalition pour les Libertés et toutes les organisations de la société civile signataires appellent à faire face à ces dérives autoritaires, à soutenir les militants, les syndicalistes, les journalistes, les opposants, les avocats, les juges, et à condamner ces campagnes de répression, tout en se dressant fermement contre toute tentative de restreindre l'espace civique.
Membres de la Coalition pour la Sécurité et les Libertés : Syndicat national des journalistes tunisiens Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux Al Bawsala Avocats sans frontières Psychologues du monde - Tunisie Jamaity Organisations et associations signataires : Damj Beity Aswat Nissa Intersection ADLI Fanni Raghman Anni Association pour promouvoir le droit à la différence Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme The legal agenda Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme