La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a réagi, hier, mercredi 4 octobre 2023, aux propos du président de la République, Kaïs Saïed, disant que la Tunisie refuse toute forme de charité et n'accepte donc pas les 127 millions d'euros proposés par l'Union européenne. Dans une interview accordée à Sky Italia, Giorgia Meloni a estimé que le ton assertif de Kaïs Saïed s'adresse principalement à « son opinion publique » et que le président de la République ne dit rien de différent de ce que l'Italie soutient déjà. « Les rapports avec les pays africains doivent changer, car nous avons eu avec ces pays une approche paternaliste, un peu comme si nous nous sentions supérieurs et cela n'est pas la bonne attitude à avoir pour affronter ces problématiques. Quand on travaille avec ces nations on doit le faire avec respect et d'égal à égal dans le cadre d'un partenariat stratégique. Nous ne pouvons pas dire à la Tunisie « nous vous payons pour arrêter la migration irrégulière » aussi car ce pays fait aussi face, lui-même, à ce problème » a déclaré la présidente du Conseil italien. « Si nous ne pensons qu'à arrêter la migration illégale, la Tunisie va se retrouver face à un problème que je ne veux pas en Italie et donc on ne doit pas nous décharger sur les autres. Si nous sommes en mesure d'avoir, avec ces pays, une coopération sérieuse, faite d'investissements, de bénéfice mutuel, de croissance dont bénéficient toutes les nations qui font part de ces accords, cela doit être basé sur un raisonnement différent et non vertical comme cela peut parfois sembler. C'est cela que dit le président Saïed et je le partage car autrement nous n'affronterons jamais sérieusement ce problème » a-t-elle ajouté. Giorgia Meloni a rappelé que l'Afrique est un continent potentiellement très riche, qui pourrait vivre de ses ressources et le défi européen est de déployer des moyens permettant à l'Afrique de « vivre de ce qu'elle a ».
Le ministère des Affaires étrangères a affirmé, hier, que la Tunisie n'a pas donné son accord au sujet du décaissement de soixante millions d'euros de la part de l'Union européenne. Il a indiqué que la présidence de la République avait refusé cette aide alors que la porte-parole de la Commission européenne, Anna Pisonero, a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue le même jour, que l'Europe a procédé au décaissement de soixante millions d'euros demandés par la Tunisie. « Nous pouvons confirmer qu'en début de semaine, la Commission a effectivement procédé au versement de 60 millions d'euros de subventions à la Tunisie, suite à une demande du gouvernement tunisien formulée le 31 août », a-t-elle souligné, selon des déclarations rapportées par l'Agence italienne Nova. Anna Pisonero avait aussi annoncé, le 22 septembre, l'octroi d'une aide à hauteur de 127 millions d'euros à la Tunisie. Le 2 octobre 2023, le président de la République, Kaïs Saïed s'est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar. Il lui a indiqué qu'il refusait toute forme de charité. La décision a été confirmée par un communiqué officiel.