Il semble que les autorités tunisiennes soient bien décidées à saper le poids des syndicats. Après les innombrables poursuites contre des syndicalistes ou la rupture de toute négociation, un nouveau chapitre s'ouvre dans le bras de fer engagé par le pouvoir. En Tunisie, l'usage veut que les responsables syndicaux se consacrent entièrement à l'action syndicale. Cet usage est établi dans la fonction publique notamment depuis l'organisation du droit syndical. Ainsi, les syndicalistes ne sont pas tenus d'occuper leur poste et peuvent travailler pour leur syndicat tout en percevant leur salaire. Des décharges syndicales sont ainsi accordées par les ministères de tutelle dans ce sens. Mercredi 13 décembre 2023, le secrétaire général de la fédération de l'enseignement secondaire, Mohamed Safi déclarait à Echaâb News, organe de presse de l'UGTT, que le ministère de l'Education avait refusé d'accorder toutes les décharges syndicales. Les demandes des syndicalistes ont été rejetées. D'après Mohamed Safi, cette décision a impliqué la déduction des salaires des syndicalistes qui ont tenu à conserver la décharge sans approbation. Le secrétaire général a qualifié cette mesure d'arbitraire, estimant qu'elle visait à restreindre l'action syndicale et à se venger de certains syndicalistes. D'après nos informations, l'approche concernerait aussi les syndicats de l'enseignement de base. La conséquence d'une telle mesure est que les syndicalistes, privés de la décharge, se doivent de regagner leurs postes et ne peuvent plus donc s'engager à temps plein dans l'action syndicale. Une manière pour le gouvernement d'affaiblir les syndicats, les empêchant ainsi de s'organiser correctement. Le fait est que cette nouvelle stratégie pourrait toucher toutes les structures syndicales et même, si les autorités franchissaient le pas, la direction de la centrale syndicale.