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Dernière vague d'arrestations : Kaïs Saïed assume tout
Publié dans Business News le 16 - 05 - 2024

Le président de la République est revenu sur la polémique actuellement observée sur les réseaux sociaux et les médias nationaux et internationaux, à la suite des arrestations de journalistes et d'avocats et le double assaut policier de la Maison de l'avocat. Il sait tout, il justifie tout et il assume tout.

Comme l'a analysé Business News dans son édition du mercredi 15 mai 2024, Kaïs Saïed ne pouvait pas ne pas être au courant des arrestations de journalistes et d'avocats observées ces derniers jours. Arrestations, jugées abusives, qui ont provoqué une grande vague d'indignations à l'échelle nationale et internationale.
Au cours d'une conférence de presse tenue mardi 14 mai, le bâtonnier Hatem Mziou a appelé le président de la République à intervenir, en lui rappelant ses discours en faveur de la liberté d'expression et sous-entendant que Kaïs Saïed ne serait pas au courant de ce qui se passe dans le pays. « Le sous-entendu ne colle pas du tout au personnage », a écrit Business News hier et la confirmation de ce que nous avons écrit est venue de la présidence de la République.

Autour de 1 heure du matin, dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 mai, Carthage a publié cinq activités présidentielles dont deux se rapportent aux derniers événements.
À 0h49, il y a le communiqué de la rencontre avec Mounir Ben Rjiba, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères. Il l'a chargé de convoquer un nombre d'ambassadeurs étrangers pour leur faire part de la protestation de la Tunisie contre « les ingérences extérieures dans ses affaires intérieures ».
Dans la vidéo de la rencontre, on voit le président de la République en colère prononçant une sourate du coran, soigneusement choisie, assimilant ces étrangers au mal, voire au mal absolu.
De ce communiqué, on conclut que le chef de l'Etat cautionne ce qui s'est passé ces derniers jours et refuse que des pays et organismes étrangers en parlent ou prennent position. Dans sa ligne de mire, la France, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le second communiqué, relatif aux derniers événements, se rapporte à la rencontre avec la ministre de la Justice Leïla Jaffel et a été publié à 0h41.
Il nie catégoriquement qu'il existe une confrontation avec les avocats et estime que « ce qui s'est passé ces derniers jours n'avait aucun lien avec la profession d'avocat, mais plutôt avec ceux qui ont osé porter atteinte à leur pays et l'ont même insulté, et ceux qui ont violemment agressé un agent de sécurité ». Il a renchéri en assurant que celui qui insulte son pays ou commet le crime d'agresser un agent dans l'exercice de ses fonctions ne peut rester impuni.
Dans la ligne de mire du président de la République, les deux avocats Sonia Dahmani et Mehdi Zagrouba. La première est accusée d'avoir insulté le pays et le second d'avoir agressé un policier. De ce communiqué, on conclut que le chef de l'Etat a pris position et a jugé, coupables, les deux avocats et ce avant même la fin de l'enquête. En rendant publique sa position, le chef de l'Etat montre qu'il sait tout (contrairement au sous-entendu du bâtonnier) et qu'il assume tout ce qui s'est passé. Il montre également qu'il est totalement insensible à la polémique ayant suivi les arrestations et le fait qu'elles soient considérées comme abusives.

Cette position du président de la République est insupportable et inimaginable dans un pays qui se respecte. Comment le chef de l'Etat s'accorde-t-il le droit de se prononcer et de donner son avis sur une affaire judiciaire en cours ? Il s'agit clairement d'un déni de justice et d'une violation des droits des prévenus et d'une violation de la présomption d'innocence.
Réagissant aux communiqués de 1h du matin de la présidence, le dirigeant d'Attayar Hichem Ajbouni a indiqué que Kaïs Saïed s'est installé lui-même en tant que juge et a prononcé des jugements sur ceux qui ont « déshonoré » leur pays et « agressé violemment » un officier de sécurité.
L'opposant a dénoncé le fait que : « Le président n'a pas attendu l'enquête, le procès et la délivrance des jugements de première instance, d'appel et de cassation, et a jugé lui-même les actes », ainsi il s'est demandé : « Alors, quel juge 'fonctionnaire' osera les acquitter par la suite ? ».
Les propos de M. Ajbouni ne sont pas fortuits et prennent en considération la réalité du terrain.
Les propos de l'avocate-chroniqueuse Sonia Dahmani sont considérés comme des insultes par le président de la République, mais totalement banals par un large pan du public. Il est en effet courant, que ce soit pour le Tunisien lambda ou pour des artistes de premier plan, de critiquer le pays et de considérer qu'il n'y fait pas bon vivre. À chacun son appréciation. Kaïs Saïed peut avoir la sienne, mais il n'a pas à la rendre publique afin de ne pas influencer le juge. En tout état de cause, on ne jette pas en prison quelqu'un pour avoir exprimé son opinion, chose qui échappe visiblement au chef de l'Etat.
Concernant l'arrestation de Mehdi Zagrouba, le président de la République dit que ce dernier a violemment agressé des agents des forces de l'ordre. Il prend ainsi pour de l'argent comptant les accusations formulées par le ministère de l'Intérieur qui dit qu'il y a une vidéo attestant de cela. Or, d'après plusieurs avocats de Me Zagrouba, cette vidéo n'existe pas. Leur confrère n'aurait frappé personne et les accusations du ministère de l'Intérieur, adoptées par le chef de l'Etat, seraient fallacieuses. Jusqu'à l'écriture de ces lignes, le ministère de l'Intérieur n'a diffusé aucune vidéo de la dite agression. Nous avons beau chercher, de notre côté, nous ne l'avons pas trouvée sur les réseaux sociaux. Si cette vidéo de l'agression existait, les partisans de Kaïs Saïed l'auraient partagée en masse, comme à leur habitude.
Par ailleurs, il est bon de rappeler que cette histoire d'hypothétique agression est devenue secondaire depuis hier. Mehdi Zagrouba affirme avoir été torturé pendant sa détention et il porterait des traces de cette éventuelle torture sur son corps. Il a été transporté d'urgence, hier en début de soirée, à l'hôpital rendant impossible la poursuite de son audition par le juge d'instruction qui a, toutefois, émis un mandat de dépôt à son encontre.
En se prononçant sur cette affaire, Kaïs Saïed a violé la présomption d'innocence de Mehdi Zagrouba et a pris position aux côtés du ministère de l'Intérieur, alors que son poste exige qu'il reste au-dessus de la mêlée. Il fait par ailleurs la totale impasse sur la question de torture, alors que c'est là l'accusation la plus grave.

Concernant la convocation d'ambassadeurs étrangers, le président de la République oublie, ou feint d'oublier, les conventions internationales approuvées et signées par la Tunisie qui autorisent, justement, ces pays et ces organismes étrangers à se prononcer sur ce qui se passe dans le pays quand ils estiment qu'il y a des abus. La réciproque est possible, bien entendu, Kaïs Saïed a totalement le droit de se prononcer et de s'inquiéter sur les éventuels abus qui pourraient avoir lieu en Europe. À cela s'ajoute la tradition observée depuis des décennies par les pays démocratiques, de se prononcer sur les abus constatés partout dans le monde ou presque.
La journaliste exilée Chahrazed Akacha a anticipé la réaction du président de la République et a évoqué, pour sa part, la question des ingérences étrangères. Mercredi après-midi, bien avant les communiqués présidentiels, elle a rappelé les conventions signées par la Tunisie avec l'Union européenne et publiées dans le Journal officiel qui autorisent, de part et d'autre, ce type d'ingérences.
Ainsi, à titre d'exemple, dans l'accord euro-méditerranéen établissant une association entre la Communauté européenne et ses états membres et la République tunisienne, l'article 2 mentionne que « les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des principes démocratiques et des droits de l'homme qui inspirent leurs politiques internes et internationales et qui constituent un élément essentiel de l'accord ».
L'accord en question a été signé à Bruxelles le 17 juillet 1995 par les chefs d'Etat européens et le président de la République tunisienne.

En violant la présomption d'innocence, en faisant l'impasse sur la question de la torture, en considérant une critique comme une insulte justifiant l'emprisonnement et en balayant d'un revers un accord international signé par la Tunisie, Kaïs Saïed montre qu'il assume toute la tension observée ces derniers jours dans le pays et qu'il n'est pas du tout à l'écoute des réactions scandalisées nationales et internationales, qu'elles proviennent des médias, des pays, des ONG ou des organisations professionnelles. Kaïs Saïed gouverne seul et il l'a toujours dit.


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