Un simple « pépin » émanant d'un journaliste « tordu »: Donald Trump a choisi, mardi 25 mars 2025, de contre-attaquer de manière agressive après une spectaculaire affaire de plans militaires divulgués par erreur à un journaliste. Le président américain, entré en fonction en janvier, a estimé lors d'un appel téléphonique avec la chaîne NBC qu'il s'agissait du « seul pépin en deux mois, et au final sans gravité ». Donald Trump a ensuite déclaré que Jeffrey Goldberg, qui a révélé avoir été ajouté par erreur à un groupe de discussions des plus hauts responsables américains était un « tordu », et a assuré que « tout le monde se fiche » de ce que publie The Atlantic, dont il est le rédacteur en chef. « Il fait de son mieux » et « c'est un homme très bien », a par ailleurs dit le président américain de son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, jugeant, pendant un échange avec la presse à la Maison Blanche, que ce dernier n'avait pas à s'excuser. Le républicain de 78 ans a seulement concédé que son conseiller allait « probablement » s'abstenir « dans l'immédiat » d'utiliser à nouveau la messagerie privée Signal, au cœur de cette affaire. Le service de presse de la Maison Blanche a publié un communiqué dénonçant « une tentative coordonnée de détourner l'attention du succès » des récentes frappes américaines contre les Houthis du Yémen. Plus agressif encore, le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, a écrit sur X : « Les forces anti-Trump essaient d'instrumentaliser des actes inoffensifs et de les tourner en faux scandale ». Messagerie Signal « Il n'y avait pas d'informations classifiées partagées » a affirmé pour sa part la directrice du Renseignement, Tulsi Gabbard, assaillie de questions par les élus démocrates pendant une audition, prévue de longue date, au Sénat. Elle a toutefois refusé de confirmer qu'elle était bien l'une des participantes de très haut niveau du groupe de discussion sur Signal auquel Jeffrey Goldberg, a été ajouté par erreur. Le patron de la CIA, John Ratcliffe, auditionné en même temps que Mme Gabbard, a lui admis avoir participé à cette boucle de messages consacrée aux préparatifs d'attaques aériennes contre les rebelles houthis, menées finalement le 15 mars. Il a toutefois défendu un usage « autorisé et légal » selon lui de cette application, pour ces échanges entre le vice-président, JD Vance, le ministre de la Défense, Pete Hegseth et le chef de la diplomatie, Marco Rubio, parmi d'autres. L'opposition démocrate, qui peinait jusqu'ici à trouver un angle d'attaque contre Donald Trump, pilonne le gouvernement. "Négligent, imprudent, incompétent" Le sénateur démocrate Mark Warner a ainsi fustigé « l'attitude négligente, imprudente, incompétente » des lieutenants du président républicain. Le journaliste Jeffrey Goldberg assure avoir vu un projet d'attaque détaillé, avec des informations sur les cibles et le déroulé de l'opération. Il a aussi reproduit certains échanges hostiles envers les Européens, que JD Vance accuse de vouloir profiter à bon compte des opérations militaires américaines. Interrogé à ce sujet, Donald Trump a estimé à son tour mardi que les Européens étaient des « profiteurs » qui traitaient les Etats-Unis de manière « horrible ». Selon les messages reproduits dans The Atlantic, JD Vance a estimé que conduire les frappes au Yémen serait une « erreur, car l'opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens ». « Si tu penses qu'il faut le faire, allons-y. C'est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois », écrit le vice-président à l'intention du ministre de la Défense, toujours selon le magazine. Lequel répond : « Je suis complètement d'accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C'est PATHETIQUE », mais il justifie néanmoins l'attaque pour « rouvrir les liaisons » maritimes. Le fondateur de Signal, messagerie prisée des journalistes pour la confidentialité qu'elle promet, ne s'est lui pas privé de vanter son produit sur X. « Il y a beaucoup de bonnes raisons d'être sur Signal. L'une d'elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d'opérations militaires sensibles », a blagué Moxie Marlinspike.