À la date du 29 avril 2025, plusieurs vidéos montrant un Tunisien organisant des rafles de migrants subsahariens ont été largement diffusées et commentées sur les réseaux sociaux. L'homme, actif sur Facebook, publiait des séquences le montrant après ce qu'il présentait comme des "opérations de capture de clandestins". Ces actes ont été vivement critiqués par des activistes, des défenseurs des droits humains ainsi que par plusieurs figures politiques et de la société civile. Le président de la Coalition tunisienne contre la peine de mort, Chokri Latif, a dénoncé ce qu'il a qualifié de milice coupable de crimes néofascistes. Selon lui, le fait de kidnapper un individu, de le détenir et de le harceler constitue un crime grave, raciste et abject. Il a dénoncé l'impunité totale dont jouissent les auteurs de ces actes, ainsi que la fierté affichée à travers leurs publications sur les réseaux sociaux. Chokri Latif a évoqué des civils armés de bâtons procédant à des interpellations de migrants subsahariens, qu'il a assimilées à des actes criminels comparables à ceux du Ku Klux Klan. Il a rappelé que les crimes néofascistes visent principalement les migrants noirs et les Arabes. Il a également mis en cause les discours officiels, fondés sur des théories complotistes et des propos racistes, qui alimentent la haine et désignent un ennemi fictif servant de bouc émissaire à l'échec du pouvoir. Il a mis en garde contre la prolifération de ces milices et leur éventuelle instrumentalisation pour réprimer les mouvements sociaux et civils.
De son côté, le journaliste Wael Ounifi a partagé l'une des vidéos en affirmant qu'il s'agissait là des premiers signes de désintégration de l'Etat. Son collègue Haythem El Mekki a comparé la situation à celle de la Ligue de protection de la révolution, évoquant cette fois une « ligue de protection de la composition démographique ».
Le blogueur Hamza Harb Rzig, avec une pointe d'ironie, a déclaré que l'homme avait tout simplement fondé une « entreprise communautaire de police judiciaire » et créé son propre ministère de l'Intérieur.
Quant à Yassine Gharsallaoui, il a critiqué l'absence de réaction du ministère public, qu'il a attribuée à son alignement avec le pouvoir en place. Il a accusé l'homme d'être à la tête d'une milice civile.
L'ancien membre de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, Sami Ben Slama, s'est contenté d'écrire : « Voici où nous en sommes arrivés. »
Le leader d'Attayar, Nabil Hajji, a pour sa part interpellé le ministère public, si prompt à faire appliquer la loi, l'invitant à se pencher sur cet individu, coupable selon lui d'enlèvement et de séquestration, plutôt que de poursuivre Ahmed Souab pour l'usage d'une métaphore.