Ramla Dahmani a dénoncé une nouvelle atteinte aux droits de sa sœur, l'avocate et détenue Sonia Dahmani. Elle affirme que cette dernière a subi un interrogatoire portant sur un échange avec son avocat, en violation flagrante du principe de confidentialité entre un avocat et son client. Dans une publication Facebook datée du 5 mai 2025, Ramla Dahmani indique qu'un membre du comité de défense s'est rendu à la prison de La Manouba pour rencontrer Sonia Dahmani. L'administration pénitentiaire aurait imposé la présence d'une agente de surveillance ainsi qu'une caméra dans le parloir. Lorsque l'avocat a montré des documents à sa cliente, la gardienne se serait approchée pour les consulter. Face au refus de l'avocate et de son client, la gardienne aurait évoqué des « instructions ». L'administration a alors expulsé l'avocat et soumis Sonia Dahmani à un interrogatoire, lui présentant un procès-verbal. Elle a refusé de céder à la pression et a réaffirmé son droit au secret professionnel. « Il y a des moments où l'on se demande s'il reste encore un seul bout de loi dans ce pays. (…) Ce qui s'est passé mercredi à la prison de La Manouba n'est pas un détail. C'est une preuve de plus qu'ils n'ont plus peur de rien. Pas même de la loi », écrit Ramla Dahmani, évoquant une tentative d'intimidation et de harcèlement. Elle souligne que le secret professionnel n'est pas une faveur mais un droit fondamental, protégé notamment par le décret-loi 79/2011 sur la profession d'avocat et par la loi 52 de 2001 sur le système pénitentiaire. Elle rappelle également que l'article 254 du Code pénal punit toute atteinte à ce droit.
Ramla Dahmani considère qu'il ne s'agit ni d'une erreur ni d'un dérapage, mais bien d'un acte de harcèlement. Elle appelle le procureur de la République à se saisir de l'affaire avec autant de célérité qu'il le fait pour les créateurs de contenu. Elle exige l'ouverture d'une enquête. Elle critique aussi le silence du bâtonnier Hatem Mziou, qu'elle accuse de privilégier la discrétion et de ménager le pouvoir. Estimant ne pas pouvoir compter sur lui, elle lance un appel aux instances représentatives, aux organisations professionnelles et aux défenseurs des droits humains.
Pour rappel, Sonia Dahmani est impliquée dans cinq affaires, toutes fondées sur le décret-loi 54, et liées à des déclarations médiatiques. Elle avait été arrêtée le 11 mai 2024 à la Maison de l'avocat, où elle s'était réfugiée après avoir appris qu'elle faisait l'objet de poursuites. Depuis, elle a subi plusieurs atteintes à ses droits, dont une fouille intime avant une audience prévue le 20 août 2024. Dans le cadre de l'affaire liée à la déclaration « heyla lebled », elle avait été condamnée à un an de prison en première instance, puis à huit mois en appel. Fin janvier, la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Tunis a confirmé sa condamnation dans un autre dossier, réduisant sa peine de deux ans à un an et six mois.