Le Sommet arabe à Bagdad a réclamé, samedi 17 mai 2025, plus de pressions internationales pour stopper « l'effusion de sang » dans la bande de Gaza et appelé à mobiliser des financements pour un plan de reconstruction du territoire palestinien dévasté par les bombardements israéliens. A l'ouverture du sommet, centré sur la guerre à Gaza, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à faire « pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza ». Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lui a interpellé son homologue américain Donald Trump, lui demandant de « faire pression » pour un cessez-le-feu dans le territoire palestinien. L'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé la quasi-totalité de quelque 2,4 millions d'habitants et provoqué un désastre humanitaire. Et depuis le 2 mars, Israël a bloqué toute entrée d'aide humanitaire. Blocus humanitaire Malgré la présence de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, du président égyptien, du Palestinien Mahmoud Abbas et des dirigeants de Somalie et de Mauritanie -- la grande majorité des chefs d'Etat des 22 pays membres n'ont pas fait le déplacement, y compris ceux d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Samedi dans son communiqué de clôture, le sommet arabe « exhorte » la communauté internationale à « assumer ses responsabilités (...) pour faire pression, stopper l'effusion de sang, et garantir l'entrée des aides humanitaires urgentes » dans le territoire palestinien. Le texte appelle pays, institutions financières, à « fournir rapidement le soutien financier nécessaire » pour un plan de reconstruction de Gaza, dévoilé lors d'un précédent sommet de la Ligue arabe en mars. Cette initiative prévoit un fonds destiné à financer la reconstruction --53 milliards de dollars sur cinq ans-- pour le territoire palestinien. Elle est intervenue après des déclarations de Donald Trump qui avaient provoqué un tollé en révélant que les Etats-Unis prendraient le contrôle de Gaza et en feraient la « Riviera » du Moyen-Orient. Samedi à l'ouverture du sommet, le Premier ministre espagnol a assuré que son pays présenterait un projet de résolution à l'ONU pour que la Cour internationale de justice "se prononce sur le respect par Israël de ses obligations internationales". M. Sanchez a précisé que l'Espagne défendrait un autre projet de résolution onusien demandant qu'Israël mette « fin au blocus humanitaire imposé à Gaza ». « A Gaza, la situation des Palestiniens est indescriptible, plus qu'atroce et plus qu'inhumaine », a fustigé en soirée depuis Bagdad le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. « Une politique de siège et de famine ridiculise le droit international. Le blocus sur l'aide humanitaire doit cesser immédiatement », a-t-il déploré, réclamant « la libération sans conditions de tous les otages ». Absence du président syrien Le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a promis une contribution de son pays à 20 millions de dollars pour la reconstruction de Gaza. Il a avancé une somme similaire pour le Liban, englué dans le conflit régional avec la guerre ayant opposé à l'automne Israël au Hezbollah pro-iranien. L'Irak a été accueilli pour la dernière fois un sommet de la Ligue arabe en 2012. Le pays a été dévasté par plusieurs décennies de conflits, notamment après l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003, qui a renversé Saddam Hussein. Ce n'est que récemment que Bagdad a retrouvé un semblant de stabilité et ses dirigeants espèrent promouvoir une nouvelle image du pays. Mais les dissensions politiques irakiennes ont empêché la venue au sommet du président syrien Ahmad al-Charaa, qui a pris le pouvoir en décembre 2024 à la tête d'une coalition de groupes islamistes. Emprisonné des années en Irak pour son appartenance à Al-Qaïda, M. Charaa a rencontré mercredi à Ryad Donald Trump, après l'annonce par ce dernier de la levée des sanctions contre Damas, une décision privilégiée par le sommet arabe de Bagdad.