Lors de son intervention au MEDRH 2025, le président de la CONECT, Aslen Ben Rejeb, a livré une analyse directe et sans détour de la place centrale de la culture d'entreprise dans l'économie tunisienne. Un thème qu'il décrit comme un enjeu stratégique majeur pour les PME et un facteur déterminant de leur capacité à s'adapter aux mutations en cours. Pour lui, la culture ne se limite pas à des valeurs affichées ou à des discours marketing. C'est un socle essentiel, parfois imperceptible mais déterminant : La culture d'entreprise est le ciment invisible qui tient tout. Elle ne se voit pas quand tout va bien… mais on la ressent fortement dès qu'un choc survient. Aslen Ben Rejeb rappelle que la culture d'entreprise en Tunisie a traversé plusieurs phases. D'abord marquée par l'emprise du dirigeant-fondateur — ses décisions, son tempérament, ses succès et ses échecs — elle a ensuite été transformée par l'ouverture internationale et l'essor des exportations. Les entreprises se sont confrontées à de nouveaux standards, à d'autres manières de fonctionner, à une pression accrue pour se professionnaliser. Aujourd'hui, une troisième phase bouleverse l'ensemble du tissu économique : celle des grandes transformations. Transition numérique, transition énergétique, montée de l'économie verte, nouvelles attentes sociétales, quête d'égalité… autant de mutations qui obligent les entreprises à repenser leur fonctionnement interne. Selon lui, cette nouvelle ère impose une culture plus structurée, fondée sur des normes, des processus, et une vision collective qui dépasse largement la seule volonté du patron. Aslen Ben Rejeb insiste également sur la nécessité pour les entreprises internationales installées en Tunisie d'intégrer la culture locale. Les modèles importés d'Europe ou d'Amérique ne peuvent fonctionner qu'à condition de s'adapter au contexte tunisien, à ses réalités, à ses codes implicites et même aux différences régionales. Il rappelle que la manière d'aborder un problème à Tunis n'est pas la même qu'à Sfax, Bizerte ou Kairouan, et qu'ignorer ces nuances mène inévitablement à l'échec. Son message est clair : la performance d'une entreprise dépend désormais de sa capacité à créer une culture cohérente, partagée, résiliente et alignée avec les transformations globales. Une culture qui ne soit plus intuitive, mais pensée, structurée et assumée. En conclusion, Aslen Ben Rejeb appelle les dirigeants à sortir d'une gestion instinctive pour entrer dans une véritable maturité organisationnelle. Dans un contexte de changements accélérés, la culture d'entreprise n'est plus un supplément d'âme : elle est devenue un avantage compétitif, un facteur de cohésion et une condition essentielle pour affronter les défis économiques des prochaines années.