Le Front de salut national a vivement dénoncé, mercredi 29 mai 2025, le transfert soudain et arbitraire des détenus dans l'affaire dite du « complot contre la sûreté de l'Etat ». Ces prisonniers ont été dispersés dans plusieurs régions du pays, transférés vers les prisons de Borj Erroumi, El Nadhour, Essers, Siliana et Borj El Amri, sans justification officielle et sans que leurs familles aient été préalablement informées, en violation de l'article 14 de la loi du 14 mai 2001 régissant le régime pénitentiaire en Tunisie. Pour le Front de salut national, cette mesure constitue non seulement un acte d'acharnement contre les détenus, mais également une forme de représailles envers leurs familles, désormais contraintes de parcourir de longues distances pour leur rendre visite et leur fournir repas, vêtements et effets personnels.
Le Front dénonce un traitement inhumain qui témoigne, selon lui, d'une volonté politique d'intimidation et d'isolement. Il souligne que ces détenus, des opposants politiques, ont été condamnés à des peines cumulées de plus de 800 ans de prison, dont 400 ans reposant uniquement sur le témoignage d'un individu anonyme relayant les propos d'autres sources tout aussi anonymes. Le Front considère qu'il s'agit là d'une nouvelle étape dans la stratégie d'isolement des détenus, après le scandale de leur absence lors de leur propre procès « expédié en à peine trente secondes ». Il accuse les autorités de vouloir dissimuler les irrégularités et les falsifications entourant cette affaire, et d'empêcher l'opinion publique d'accéder à la vérité. Enfin, le Front de salut national appelle toutes les forces politiques, les organisations de la société civile et les citoyens épris de justice à rejeter ces pratiques autoritaires et à exiger le respect des droits fondamentaux, des conditions de détention dignes et des garanties d'un procès équitable, en défense des libertés publiques et de l'image de la Tunisie.
Une nouvelle vague de persécutions a frappé les prisonniers politiques Ridha Belhadj, Ghazi Chaouachi et leurs familles. Les deux avocats ont été transférés de la prison de Mornaguia : Me Belhadj a été envoyé à la prison de Siliana, et Me Chaouachi à celle de Nadhour, à Bizerte, selon leur avocat Abdorahman Hassen Chouchane. Issam Chebbi a également été déplacé à la prison de Borj Erroumi, à Bizerte. Me Chouchane a tenté de rencontrer le directeur de la prison, mais un membre du personnel lui a indiqué que l'administration pénitentiaire avait reçu un télégramme la veille, ordonnant ces transferts. Il s'est interrogé sur ces décisions, dénonçant un acharnement injustifié envers ses collègues et leurs proches, déjà affectés par l'emprisonnement et les contraintes des visites. Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi et Ridha Belhadj, détenus depuis le 24 février 2023 dans l'affaire dite du « complot contre l'Etat 1 », ont été condamnés à 18 ans de prison ferme chacun. Ils attendent l'examen de leur pourvoi en appel. De son côté, Me Dalila Ben Mbarek Msaddek, avocate de la défense, a confirmé que d'autres détenus avaient également été transférés : Kamel Bedoui, ancien cadre sécuritaire condamné à treize ans, a été envoyé à la prison de Sers, et l'homme d'affaires Kamel Letaïef, condamné à 66 ans, a été transféré à Borj El Amri. Le sort des autres condamnés reste inconnu. Me Msaddek a dénoncé les agissements des autorités, qu'elle accuse de vindicte, d'arrestations arbitraires et de vouloir isoler les prisonniers pour les couper du monde extérieur et de leurs avocats.