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Rafale de flagornerie
Publié dans Business News le 28 - 06 - 2025

Episode 1 : L'étrange passion de Kaïs pour les fonctionnaires
Si Kaïs Saïed ne devient pas bientôt inspecteur général de l'administration, ce sera vraiment du gâchis. Aucun homme n'a autant parlé des fonctionnaires depuis qu'on a cessé de distribuer les médailles du mérite aux guichetiers de la poste. Le président les traque, les fustige, les menace, les soupçonne, les évalue — sans relâche et sans nuance.
On pourrait croire à une stratégie de réforme. C'est mignon. Mais non. Il s'agit d'un plaisir personnel, une obsession clinique pour ces créatures en blouse beige qui, apparemment, sabotent son glorieux projet d'édification.
Alors il parle. Douze fois en un mois et vingt jours. Et toujours la même rengaine : il faut virer les tièdes, les mous, les lents, les suspects, et les remplacer par... roulement de tambour... des chômeurs de longue date ! Oui, ceux-là même qui, faute d'avoir trouvé une solution à leur propre vie, seraient, paraît-il, les mieux placés pour sauver le pays.
Une logique lumineuse : tu n'as jamais mis les pieds dans une administration ? Parfait ! Tu n'es pas encore contaminé. Viens prendre un bureau et occupe-toi des impôts.
Au fond, Kaïs Saïed rêve d'un Etat peuplé d'hommes neufs, fidèles, dociles et sans passé. Comme dans les dystopies soviétiques, sauf qu'ici, on troque la faucille contre une casquette à l'envers.
On ne sait pas ce qui est le plus inquiétant : qu'il pense vraiment ce qu'il dit, ou qu'il dise tout cela sans penser à ce qu'il fait.
Mais une chose est sûre : si l'administration tunisienne s'effondre, ce ne sera pas faute de dossiers mal rangés… Ce sera à force de les avoir trop bien ciblés.

Episode 2 – Les briseurs d'enfants
Il y a ceux qui enseignent, et puis il y a ceux qui cassent. Ceux qui éveillent, et ceux qui éteignent. Ceux qui élèvent des consciences, et ceux qui broient des rêves. Dans l'école tunisienne, hélas, les seconds ne sont pas si rares, et pire encore : ils sont décorés.
Prenez Toumadher. Elève modèle, premier rang national en primaire, puis premier rang régional en 9e année. Une fusée. Elle entre au lycée pilote de Sfax avec des étoiles dans les yeux. Elle en ressort brisée, lessivée, humiliée. Entre-temps, elle aura appris trois choses essentielles : 1) que l'excellence est suspecte, 2) que l'autonomie dérange, et 3) que l'élève ne vaut que s'il se tait.
Un enseignant lui dit : « Ne vise pas trop, ma fille ». Un autre lui demande si elle a choisi sa section ou si elle a été punie. Un troisième corrige ses copies avec autant de soin qu'un douanier tamponnant un passeport. On lui distribue les notes comme on distribue des claques. L'élève brillante devient l'élève gênante. Celle qu'il faut faire rentrer dans le rang, ou sortir par la petite porte.
Et puis il y a Nour. Elle a osé dénoncer les propos déplacés de son prof. Résultat : exclusion définitive. L'homme ? Intouchable. Il insulte, il fanfaronne, il poste ses outrances sur Facebook. Et pour couronner le tout, il est reçu en grande pompe au ministère de l'Education où il a été décoré. L'élève, elle, est rayée. Le message est clair : l'école est un sanctuaire. Mais pas pour les enfants. Pour les bourreaux.
Entre les murs des lycées d'élite, il ne suffit pas de savoir. Il faut plaire. Se soumettre. Prendre des cours particuliers chez le même prof qui vous maltraite la journée. Rire aux blagues douteuses. Rentrer dans le moule. Accepter les injustices comme des fatalités. Surtout, ne pas penser. Ne pas parler. Ne pas exister autrement que comme un bulletin de notes.
La République célèbre ses bourreaux. Les élèves, eux, collectionnent les cicatrices. Invisibles, mais indélébiles. Et quand, à l'âge adulte, ils parlent, doutent, écrivent, ils découvrent que le pays n'a pas changé. Qu'il récompense toujours les fauteurs de silence. Qu'il continue de punir ceux qui osent dire « non ».
L'école tunisienne n'a pas besoin d'une réforme. Elle a besoin d'un exorcisme.

Episode 3 – La diplomatie du paillasson
C'était censé être un sommet de l'OTAN. Ce fut un récital de flagornerie.
Tandis que les chefs d'Etat se contentaient d'hôtels convenables, Donald Trump, lui, a été logé… au palais royal. Pas une métaphore : il a dormi seul à Huis ten Bosch, résidence officielle du roi des Pays-Bas où il a été royalement bichonné. Draps amidonnés, vaisselle fine, protocole doré. Un roi, un vrai, pour accueillir un autre roi — celui du chantage diplomatique.

Les autres dirigeants ont eu droit à des transferts en bus. Trump, lui, à un cortège digne d'un souverain en visite d'Etat. Pas une note ne devait dissoner. Tout a été huilé, repassé, encadré. Un seul dîner. Une seule réunion. Et une seule obsession : ne pas irriter le Donald. L'OTAN s'est changée en service de chambre géopolitique avec des sourires cirés.
Il fallait que Donald Trump soit content, rassasié de flatteries et repu de concessions. Et ça a marché, les dirigeants européens ont réussi : le président américain est reparti bombant le torse, le ventre plein et le verbe triomphal, jubilant d'avoir « fait payer GROS » les Européens — citation extraite, non pas de la déclaration finale, mais du texto d'accueil que Mark Rutte lui a personnellement envoyé. Message que Trump s'est empressé de publier sur ses réseaux. Niveau de flagornerie : stratosphérique. Niveau de servilité : industriel. On aurait cru une lettre d'amour dictée sous hypnose. Rutte salue dans ce SMS « une victoire que personne avant vous n'avait su arracher », et ajoute que Trump a « changé le cours de l'histoire de l'OTAN ». On sent presque le genou qui grince en s'inclinant, la farine s'étalant entre les lignes.
Et pour quelle victoire, au juste ? L'Europe promet d'augmenter ses dépenses militaires à 3,5 % du PIB — voire 5 %, si l'on additionne les lignes en tout petit. Pas pour renforcer sa propre sécurité. Pour flatter un égo. Celui d'un homme qui téléphone à Poutine pour son anniversaire, mais laisse Ursula von der Leyen en double appel.
Ce sommet n'a rien acté, sinon le fait que l'Europe des grandes capitales s'agenouille devant le premier qui crie fort. Il ne s'agissait pas de diplomatie, mais de casting. Et tous ont passé l'audition.
Pendant que les fayots européens se pressaient autour de Trump en quête d'un regard, les jeunes lèche-bottes tunisiens espèrent encore une nomination. À chacun sa méthode, à chacun son maître. Mais le résultat est le même : moins on pense, plus on grimpe.
La souveraineté s'est noyée quelque part entre les petits-fours et les textos obséquieux. Et la seule chose qui ait vraiment brillé, ce soir-là, c'est le parquet du palais royal. Bien ciré. Comme les convictions des présents.

Episode 4 : À l'ombre des bombes
Il a fait jusqu'à 39 °C à Paris cette semaine. C'est beaucoup pour ceux qui n'habitent pas de notre côté de la Méditerranée. Résultat : au Salon aéronautique du Bourget, les visiteurs n'ont pas couru vers les stands ni les simulateurs. Ils ont cherché l'ombre. Et, ironie du progrès, ils l'ont trouvée sous les ailes des avions de guerre. Rafale, F‑16, Boeing 777… peu importe le modèle, pourvu qu'il fasse de l'ombre.
On a donc vu des grappes d'hommes d'affaires, de journalistes, d'ingénieurs, accroupis par terre, cravates desserrées, visages ruisselants, s'abritant sous ce que l'aviation militaire fait de plus létal.
Le seul coin d'ombre encore disponible dans ce monde semble être celui de la destruction.
C'était presque poétique. Ou pathétique. À choisir.
Dans ce siècle surchauffé, on se blottit là où l'on aurait fui autrefois.
Et la scène était frappante : des civils en nage sous des machines de mort, comme si le seul espoir d'échapper à l'effondrement climatique passait désormais par une aile supersonique.
À Tunis, on cherche de l'ombre sous un eucalyptus à moitié mort. À Paris, on rampe sous les missiles.
Pendant ce temps, les adulateurs entrent dans les administrations, les flagorneurs prennent du galon, les Rutte s'agenouillent face à Trump, et l'humanité cherche sa place — n'importe laquelle — sous quelque chose de plus grand qu'elle, même si c'est un bombardier.
Le siècle est lourd, le bitume est brûlant, et l'air, irrespirable. Le symbole est frappant : si notre seul coin de fraîcheur dépend des instruments de mort, c'est qu'on a tout inversé.


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