L'Ukraine a convoqué, mercredi 2 juillet 2025, le chargé d'affaires américain après l'annonce de Washington sur la cessation de livraison de certaines armes à Kiev, un coup d'Etat qui tombe mal au moment où la Russie intensifie ses frappes en l'absence d'avancée diplomatique pour régler le conflit. Donald Trump, qui a dit se positionner « au milieu » dans la guerre entre l'Ukraine et la Russie, s'est rapproché depuis le début d'année de son homologue russe Vladimir Poutine, mettant la pression pour obtenir un arrêt des combats, sans toutefois parvenir à obtenir une quelconque avancée concrète. Et mardi, de manière inattendue, son administration a annoncé avoir arrêté de livrer certaines armes à Kiev, probablement en raison de l'inquiétude quant à la baisse des stocks de munitions américains. « Cette décision a été prise pour mettre les intérêts de l'Amérique en premier », s'est justifiée Anna Kelly, une porte-parole adjointe de la Maison Blanche. Or, les Etats-Unis sont le premier soutien militaire (et financier) de l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022. Ses armes, munitions et équipements --en plus de son renseignement-- ont permis aux forces ukrainiennes de contenir l'armée russe, qui occupe cependant toujours près de 20% du territoire ukrainien. Pour faire part de son incompréhension, la diplomatie ukrainienne a convoqué mercredi matin le chargé d'affaires américain, John Ginkel. Lors de cet entretien, « la partie ukrainienne a souligné que tout retard ou délai dans le soutien aux capacités de défense de l'Ukraine ne ferait qu'encourager l'agresseur à poursuivre la guerre et la terreur, plutôt que de rechercher la paix », selon un communiqué de Kiev. Dans ce contexte, Kiev a dit être en contact avec son allié américain pour « clarifier la situation » et ainsi pouvoir estimer les conséquences à venir pour son armée, selon un conseiller de Volodymyr Zelensky, Dmytro Lytvyne.
D'après Politico et d'autres médias américains, l'arrêt des livraisons pour Kiev concerne notamment les systèmes de défense aérienne Patriot, l'artillerie de précision et les missiles Hellfire. Or, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé justement ces dernières semaines les Etats-Unis à lui vendre des systèmes Patriot (en plus de ceux déjà fournis) pour pouvoir contrer plus efficacement les attaques russes quotidiennes de missiles et de drones. Il s'en était une nouvelle fois ouverte à Donald Trump lors de leur dernière entrevue en marge du sommet de l'Otan à La Haye fin juin. Mais le locataire de la Maison Blanche s'était montré évasif sur le sujet, estimant que les Etats-Unis « en ont également besoin ». Du côté des forces ukrainiennes, l'annonce de Washington a été accueillie avec déception et une certaine appréhension quant à ses capacités futures à résister face aux forces russes, plus nombreuses et mieux armées. « Nous dépendons actuellement fortement des livraisons d'armes américaines, même si l'Europe fait tout son possible, mais nous aurons du mal sans les munitions américaines », a reconnu une source militaire. De son côté, le Kremlin, sans surprise, s'est félicité de cette situation, estimant que cela se rapprochait de Moscou et Kiev de la fin du conflit, qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts des deux côtés, civils et militaires compris. « Moins il y a d'armes livrées à l'Ukraine, plus proche est la fin de l'opération militaire spéciale », (nom officiel en Russie de l'invasion de l'Ukraine, ndlr), a affirmé le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov. Pour Shashank Joshi, expert à l'Institut RUSI à Londres, la décision américaine rend à l'inverse « de moins en moins probable que la Russie se donne la peine de négocier sérieusement ». Un rapport publié en mai par le think tank du CSIS (Centre d'études stratégiques et internationales) alertait de son côté sur « la capacité », notamment « à long terme », de l'Ukraine « à lutter contre la Russie » en cas d'arrêt de l'aide américaine, un soutien que les Européens « ne peuvent remplacer ». Russes et Ukrainiens ont mené le 16 mai puis le 2 juin deux cycles de pourparlers en Turquie, les premiers en face-à-face sur la question du conflit depuis le printemps 2022. Mais ces discussions n'ont pas abouti à une percée majeure, tant les positions restent irréconciliables. Un troisième tour de négociations n'a d'ailleurs toujours pas été annoncé.