Le compositeur, dramaturge et intellectuel libanais Ziad Rahbani est décédé, samedi 26 juillet 2025, à l'âge de 69 ans, laissant derrière lui une œuvre immense. Fils de la légendaire chanteuse Fairuz et du compositeur Assi Rahbani, il avait su s'imposer comme une figure singulière, mêlant satire, engagement politique et création musicale hors normes. Très tôt, Ziad Rahbani s'était fait remarquer pour son talent précoce : il n'avait que 17 ans lorsqu'il composa Sa'alouni el-Nas pour sa mère. Pianiste virtuose, dramaturge acéré et compositeur visionnaire, il avait su faire de l'art un espace de résistance, de critique et de réflexion, notamment à travers ses pièces de théâtre jouées en pleine guerre civile libanaise. Engagé à gauche, soutien assumé des causes arabes et farouchement critique des systèmes confessionnels, Ziad Rahbani se revendiquait libre penseur dans une société marquée par le conservatisme. Son franc-parler et ses prises de position lui ont valu autant d'admiration que de controverses.
En Tunisie, où il jouissait d'une grande popularité, de nombreux hommages lui ont été rendus dès l'annonce de sa disparition. Des artistes, journalistes et anonymes ont salué la mémoire d'un homme « en avance sur son temps », d'un créateur « qui parlait à nos cœurs et à nos colères ». Des albums comme Abou Ali, Halleluja, Ana Mouch Kafer ou Monodose témoignent de l'ampleur de son génie, entre jazz, musique orientale, poésie désabusée et groove révolutionnaire. À travers ses compositions, Ziad Rahbani racontait le chaos du monde arabe, les douleurs de l'amour, et les fêlures de l'âme humaine.
Il laisse derrière lui une œuvre inclassable et profondément humaine, à l'image de son Liban, complexe, blessé, mais vibrant.