L'affaire des salaires dits mirobolants de Tunisie Telecom ne semble pas vouloir se terminer un jour ! Le syndicat est déterminé à ne pas lâcher prise et les grèves et sit-in se poursuivent, au point de donner le vertige aussi bien aux employés de l'entreprise qu'à ses clients. En effet, suite à la grève du 10 mai courant, le syndicat de Tunisie Télécom a organisé aujourd'hui 12 mai 2011, une conférence de presse qui a enregistré la présence des représentants des agences et des syndicats régionaux des différentes villes tunisiennes. Ces syndicalistes se sont rassemblés pour appeler encore une fois au licenciement des fameux 63 experts qui reçoivent des salaires annuels à six chiffres, considérés comme exagérés par les employés et cadres de Tunisie Télécom. Une femme ingénieur a déclaré, la voix pleine à la fois d'enthousiasme et de colère : « ce sont des ingénieurs comme nous et on ne voit pas sous quel prétexte certains d'entre eux sont payés jusqu'à 20 mille dinars par mois alors que nos salaires n'atteignent pas les 800 dinars. Nous ne voulons pas d'augmentations salariales, reprend-elle, mais on pense qu'il sera équitable que tous les salariés de la société soient rémunérés en se basant sur la même grille salariale. » Pour leur part, les syndicalistes réclament haut et fort le licenciement de ces contractuels qui ne méritent pas, selon eux, ces larges rétributions. Ridha Gharbi, représentant du syndicat de Bizerte, insiste : « nous ne voulons pas d'augmentations salariales, nous voulons préserver les fonds de la société. Cet argent versé aux contractuels représente une perte pour l'opérateur, surtout qu'avec ces salaires, on peut recruter mille ingénieurs supplémentaires ! » selon ses dires. Rappelons tout de même que Tunisie Télécom, avec ses 8000 employés actuels, est déjà en suremploi, surtout si on la compare à son concurrent le plus direct, Tunisiana, qui emploie 1500 salariés seulement. Sur un autre plan, M. Gharbi a relevé un deuxième point, notamment celui du contrat avec le partenaire émirati qui détient 35% de l'opérateur. Ce contrat doit être rediscuté selon le syndicaliste « le fait que l'opposition d'un seul associé à une décision l'annule est tout à fait inadmissible ! Surtout que ce partenaire n'est pas majoritaire » précise M. Gharbi. Le syndicaliste va même jusqu'à accuser ces contractuels d'être le miroir de ce partenaire émirati, puisque recrutés sous ses instructions. Et pensent par conséquent protéger leur société et veiller à préserver sa continuité à travers ces grèves sans fin. Mais finalement, refuser les interventions de ce partenaire stratégique et ses décisions serait-ce la meilleure option pour la pérennité de Tunisie Télécom ? Et faire des grèves à répétition faisant perdre des milliards à l'opérateur historique constitue t-il la solution pour le « sauver » ? Zeyneb Dridi