Un point de presse a été tenu, vendredi 20 mai 2011, au siège de la Douane pour répondre aux interrogations de la presse tunisienne, surtout que la douane se sent viser par certaines attaques de cette dernière. Plusieurs sujets ont été évoqués par les journalistes lors de cette rencontre, Tahar Ben Htira, DG de la Douane ainsi que plusieurs de ses collaborateurs, répondant à leurs questions, évoquant certains chiffres révélateurs. Tout d'abord, concernant les containers qui étaient importés par des sociétés de l'ancien président et de sa famille, M. Ben Htira a expliqué que le gouvernement a décidé de traiter ces dossiers à l'amiable, les 2.000 commerçants concernés devant justifier que la marchandise est la leur et suivre une procédure bien déterminée, en payant les frais de douanes exigés par la loi. Cette relaxe ne concerne pas les produits dangereux ou prohibés par la loi. Il s'agit d'une procédure exceptionnel valable jusqu'au 15 mai 2011 et qui concerne des containers chargés avant le 14 janvier et pour ceux qui ont terminé les procédures requises avant la décision de saisie des biens du clan Ben Ali, décidé par le gouvernement le 14 mars. Interrogé par Business News sur le manque à gagner de la douane suite au trafic du clan, il a indiqué que l'évaluation est fastidieuse, vu qu'on ne savait pas réellement ce que contenaient les containers. Mais, Tahar Ben Htira a minimisé les pertes, son argument à l'appui est que la majorité des échanges s'effectuent avec l'Union européenne et que les échanges avec la Chine ne représentent que 10% au maximum des importations du pays, dont la majorité est réservée au secteur de l'industrie et des télécommunications et non pas au commerce (donc au marché parallèle). Concernant les commerçants qui vivaient de ces importations (surtout ceux de Bou Mendil et de Moncef Bey), ils devront se conformer à la loi et aux procédures en vigueur car les produits interdits ou contrefaits ne seront plus tolérés. Ils pourront importer la marchandise qu'ils désirent tant qu'elle est conforme aux normes du pays. Mais, ils devront, dorénavant, comptabiliser le coût de la douane dans leurs prix. En effet, la douane jouera son rôle entièrement, il n'y aura plus de favoritisme pour personne, a précisé le DG de la Douane. Le colonel Férid Chelbi a expliqué pour sa part qu'ils (les douaniers) étaient «des victimes et pas des complices». Concernant les saisies effectuées par la douane après la révolution, le colonel Mohamed Kharrat a indiqué qu'environ 25 kg d'or ont été saisis (soit environ l'équivalent de 1,683 million de dinars). Ce phénomène s'explique par la hausse des prix de l'or qui encourage les gens à acheter de l'or des particuliers («m'kasser» dans notre dialecte tunisien), de le fondre, de l'ouvrager dans des pays comme la Turquie ou la Syrie et de le revendre en Tunisie sous forme de parures dont la valeur ajoutée est plus importante. En outre, la guerre en Libye a accentuée le phénomène vu que les citoyens libyens, en fuyant leur pays, emportent avec eux de l'or pour le vendre et vivre avec son prix. La douane a également saisi plusieurs kilos de drogue dont environ 4,5 kg d'héroïne, outre des armes à feu et des bombes à gaz. I.N.
