Le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, a effectué mardi 21 juin 2011 une visite à la ville de Sfax en vue d'inaugurer la 45ème édition de la Foire Internationale de Sfax. Une délégation de ministres et de journalistes l'ont accompagné lors de cette visite. L'avion devait décoller à 15h. Le vol a été reporté en premier lieu à 15h45. Les journalistes ont gagné l'avion avant la délégation officielle. Ensuite, M. Caïd Essebsi est monté dans l'avion entouré de quelques ministres et de gardes du corps. Il a préféré s'installer à l'arrière de l'avion, ce qui a fait que la délégation s'est mêlée avec l'équipe médiatique déjà en place. Le Premier ministre s'est montré aimable, souriant. Mais, à cause de problèmes techniques, le vol a encore été retardé. Ce retard a provoqué la colère de tout le monde y compris et surtout de M. Caïd Essebsi. Un jeune journaliste s'adressant à Mehdi Houas, ministre de Commerce et du Tourisme, lui a posé une question sur antenne via son téléphone portable, à propos de son avis sur la panne technique de l'avion, c'est alors que le Premier ministre s'explose en lui criant dessus. M. Caïd Essebsi lui a reproché de ne chercher que le sensationnel et le soi-disant «scoop»! L'attente se faisait longue, et la chaleur étouffante de l'avion n'arrangeait en rien les choses. Ce n'est qu'à 16h35 que l'appareil a, enfin, pu décoller au soulagement de tous. Au cours du vol, les journalistes et les photographes ont profité de leur proximité du chef du gouvernement pour l'inonder de flashes et de clichés. Il avait repris entretemps son calme et son sens prononcé de l'humour et n'a pas hésité à taquiner les ministres, et les journalistes qui étaient assis près de lui. L'appareil a enfin atterri à l'aéroport de Sfax vers 17h15. A la sortie de l'avion, bon nombre de personnalités, des membres de l'UTICA et des hauts responsables de la ville, ont accueilli la délégation officielle qui, vite fait, a quitté l'aéroport. Les journalistes, à bord d'un minibus a joint le convoi officiel escorté, à vive allure, direction la foire. Derrière la ceinture installée par les forces de sécurité, quelques dizaines de citoyens manifestaient leur mécontentement en criant « dégage » et arborant des pancartes réclamant leur droit à l'emploi. Abdellatif Zayani, président de l'Association de la foire internationale de Sfax et président de l'UTICA Sfax, a pris, en premier, la parole pour présenter un aperçu général sur l'historique de la foire, quand soudain un des présents s'est mis à hurler des injures et des accusations inaudibles, voulant ainsi couper la parole à M. Zayani. Les applaudissements des présents tentaient de faire taire l'intrus, en vain. Il a fallu que le Premier ministre intervienne pour lui parler personnellement et l'inviter à se taire. Ensuite, c'était au tour de M. Caïd Essebsi de prononcer son discours qu'il a entamé par un hommage aux martyrs de la révolution bénie. Il a rappelé ensuite qu'il se trouve à la tête du gouvernement, depuis près de 3mois et demi, qu'il a vécu comme s'ils étaient trois ans et demi. La mission du gouvernement, disait-il, est bien l'instauration d'une nouvelle démocratie et la lutte contre tous les résidus du passé lugubre, une tâche entamée mais loin d'être terminée, a-t-il ajouté. « Nous avons pris le bon chemin vers la démocratie et nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de dissonance entre démocratie et Islam ». Il a également affirmé que le pays est pris par un mouvement irréversible vers la démocratisation, car selon lui, le gouvernement a misé sur quatre critères révélateurs : l'importance du rôle de la femme et de ses acquis, l'importance de l'enseignement, la tendance centriste modérée et le fait de disposer d'une armée constitutionnelle et populaire. « Les temps sont difficiles, mais on compte sur les compétences jeunes ». Le gouvernement a, a-t-il ajouté, une « légitimité fonctionnelle » qui lui permet de travailler et d'avancer. Aux Sfaxiens, le Premier ministre a rappelé l'importance de leur prise en charge de l'avenir de la ville, par eux-mêmes. « Rejoignez-nous, ensemble on pourra relever les défis et vaincre le chômage, avec le programme « Amal». Il a, par ailleurs, appelé le peuple tunisien et notamment les manifestants et les grévistes à cesser leurs actions, et à observer, au moins, une « pause » afin de faire avancer la machine économique. Il n'a pas omis d'exprimer son refus à l'attitude «Dégage», et a affirmé que la réussite du gouvernement dans sa mission est bien celle de tout le peuple tunisien. Après un tonnerre d'applaudissements, le Premier ministre ainsi que la délégation et les personnes présentes ont été conviés à une réception sous une tente joliment décorée. Une troupe jouant des airs du Malouf tunisien offrait aux invités une ambiance typiquement tunisienne. Mais le chef du gouvernement n'a pas tardé à se retirer, suivi par toute la délégation, direction l'aéroport. Le minibus des journalistes faisait tout pour rattraper le convoi ministériel, filé à toute vitesse. On se croyait à une course-poursuite ! Enfin, arrivés à l'aéroport vers 20 h, tout le monde a pris place dans l'avion. Le Premier ministre, fidèle à son siège, est resté à l'arrière de l'appareil. Il était un peu fatigué mais assez satisfait de sa visite. Mehdi Houas l'a félicité en lui serrant la main avec beaucoup de respect et même une impression de complicité amicale. Il a ensuite appelé le jeune journaliste qu'il avait grondé lors du vol à l'aller et lui a accordé une belle interview. Une deuxième journaliste a eu moins de chance, car elle lui a demandé son avis par rapport aux revendications des manifestants et de leur « Dégage ». Il a décliné cette requête arguant qu'il ne pouvait répondre à des propos qu'il n'a pas entendus, et a terminé par lui souhaiter, avec un sourire, « un avenir radieux » ! Dorra Meziou