Omar S'habou, fondateur du quotidien Le Maghreb, a été l'invité de l'émission « Saraha raha » samedi 5 mai et a été interrogé à propos de la polémique entre Zyed Krichen et Lotfi Zitoun et du publi-reportage relatif à Imed Trabelsi publié dans Réalités lorsque M. Krichen était son directeur de la rédaction. Omar S'habou a indiqué que Zyed Krichen n'y est pour rien dans cet article et que c'est Taïeb Zahar qui en est le responsable. M. S'habou en profite pour en remettre une couche et dire que le directeur de Réalités a publié un tas d'articles élogieux pour la famille Ben Ali et qu'il aurait dû disculper Zyed Krichen dans cette affaire. Contacté par Business News, et bien qu'il soit à l'étranger Taïeb Zahar n'a pas voulu polémiquer et s'est dit étonné par les propos du fondateur du Maghreb à qui il a ouvert ses pages et accueilli dans son bureau il n'y a pas si longtemps. « Lui qui a fui à l'étranger lorsqu'on était sous la dictature, est mal placé pour nous donner des leçons », souligne le directeur de Réalités. A propos du publi-reportage de Imed Trabelsi, M. Zahar a indiqué que Zyed Krichen était au courant de cet article imposé par la présidence et savait parfaitement que Réalités en a profité, le jour-même, pour publier des articles relatifs aux événements de Sidi Bouzid. Il cite un témoignage de France 2 qui a déclaré à l'époque que la presse tunisienne était bien muette par rapport à ces événements et que Réalités fut la première à en parler. « Parler des manifestations et des troubles était une ligne rouge (ce que M. S'habou ignore puisqu'il ne vivait pas ici) et nous étions obligés de publier ce type de publi-reportages afin de pouvoir parler de ce qui se passe chez nous, sans risquer de subir les affres du régime et fermer le magazine ». Une épée de Damoclès permanente sur les journaux que plusieurs observateurs, parmi les « révolutionnaires » hier muets, oublient. Les patrons de journaux, pour survivre et glisser leurs messages entre les lignes, étaient obligés de payer cette "taxe" et beaucoup, dont Réalités, s'interdisaient de franchir la véritable ligne rouge en dénigrant ou insultant les opposants à Ben Ali. M. Zahar s'interroge enfin sur les vrais motifs ayant poussé M. S'habou à prononcer ces propos, semant la zizanie, l'invitant à respecter davantage la déontologie, à un moment où la liberté de la presse est attaquée de toutes parts. Il rappelle qu'il n'y a pas eu l'ombre d'un différend durant les 18 ans qu'a passés Zyed Krichen dans Réalités. Ces bonnes relations continuent puisque, jusqu'à la semaine dernière, M. Krichen présidait un panel dans le forum annuel de Réalités, sans oublier qu'il l'a défendu ardemment dans l'un de ses éditoriaux après les agressions qu'il a subies récemment. N.B.