Le journaliste Iheb Chaouch a été convoqué, mardi 13 mai 2014, par le directeur de la Wataniya 1 Charfeddine Ben Salem, pour un questionnaire concernant une déclaration qu'il avait fait à une chaîne de télévision concurrente et dans laquelle il déclare avoir subi des pressions de la direction et de l'administration de la chaîne. M. Ben Salem voudrait des éclaircissements sur les pressions qu'aurait subies M. Chaouch pour «entamer les mesures nécessaires si cela est avéré». Cependant, il reproche au journaliste des déclarations qui nuisent à la chaîne et portent atteinte au droit de réserve et au règlement intérieur. Dans un post Facebook, la journaliste Amel Chahed a voulu, à son tour, alerter l'opinion publique de ce qui se passe à la Télévision nationale. Pour que «les autorités prennent conscience que cette situation "chaotique" ne profite à personne et ne sert en rien l'intérêt de la patrie», a-t-elle écrit hier sur son profil Facebook. Elle a appelé, dans ce contexte, ses collègues à être solidaires avec Iheb Chaouch et à dire haut et fort ce qui se passe à l'intérieur de la forteresse de la Télévision nationale. «Ce qui a été dit, n'est autre que la simple réalité que nous vivons à la chère Télévision nationale tunisienne. C'est exactement la vérité et rien d'autre ... Des dizaines d'entre-nous, viennent tous les jours et repartent en fin de journée, ou en milieu de journée, sans faire absolument rien. C'est mon cas par exemple depuis de longs mois, bientôt dix mois déjà, depuis Ramadhan dernier ... Je présente des projets (six, huit, dix ...) et on me dit : on n'a pas d'argent, on n'a pas de place dans la grille... ou bien "nous sommes là uniquement pour faire marcher le quotidien, sans pouvoir de décision"… Le fait de dire cela de le déclarer (et je n'ai jamais arrêté de parler, de rendre public et de dénoncer quand il le fallait, surtout à chaque fois qu'il y avait censure ou tentative de censure ...), n'est pas un crime, n'est pas une faute ... et surtout n'est pas un secret (tout le monde regarde l'antenne et remarque notre "absence" forcée ! Tout ce qu'a fait Iheb, était d'exprimer son ras-le-bol, qui n'est pas le sien uniquement, c'est notre ras-le-bol à la plupart de nous tous», a écrit Amel Chahed. Pour sa part, le PDG par intérim de la Télévision tunisienne Hichem Issa a rappelé, dans un communiqué, que le litige avec Iheb Chaouch remonte avant sa nomination, prise par l'ancienne PDG qui l'avait expliqué selon des critères professionnels se référant aux capacités du journaliste et au taux d'audience de son ancien programme. M. Issa a dénoncé, dans ce même document «une campagne médiatique méthodique et mensongère», en faisant porter la responsabilité de ce qu'il peut lui arriver au gouvernement de Mehdi Jomâa. Ainsi, il a démenti le vide administratif et financier évoqué par certains, soulignant que les services de la télévision tunisienne n'ont enregistré aucune entrave depuis le 8 janvier 2014, la preuve étant que le Conseil d'administration et la Commission des marchés publiques ont été réunis selon les besoins à plusieurs reprises. M. Issa a expliqué que la production se poursuit selon le programme préétabli et selon les décisions de la réunion des directeurs, notamment en ce qui concerne les programmes dédiés au mois de Ramadan. Pour lui, ces déclarations visent à obliger la Télévision nationale à s'associer avec certaines sociétés, sans prendre en considération ses besoins à elle. Hichem Issa a appelé à préserver la neutralité de ce bien public et de l'éloigner des querelles politiques et personnelles, dans lesquelles veulent l'immiscer certaines chaînes concurrentes pour l'utiliser à des fins publicitaires et judiciaires.