Le conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni fin juillet 2014, a examiné, au début de ses travaux, les évolutions récentes de la conjoncture internationale et a pris connaissance, notamment, du dernier rapport publié par le Fond monétaire international (FMI) en juillet qui annonce une croissance mondiale plus modérée et la révision à la baisse de ses perspectives pour 2014 de la croissance mondiale de 3,7% à 3,4%, à cause de l'aggravation des risques géopolitiques qui pourrait provoquer une hausse prononcée des cours du pétrole. Egalement, le Conseil a enregistré, sur le plan national, les bonnes performances des secteurs de l'agriculture et l'exploitation minière. Toutefois, pour le secteur industriel, l'indice de la production a enregistré un repli en avril 2014 (-0,1% en glissement annuel), sous l'effet de la contraction de la production aussi bien dans les industries manufacturières que non-manufacturières et ce, parallèlement à la baisse de la plupart des indicateurs avancés de l'activité dans le secteur au mois de juin de la même année. Egalement, et concernant le secteur des services, les principaux indicateurs de l'activité touristique ont accusé un repli en juin 2014 par rapport au même mois de l'an passé : avec -3,3% d'entrée touristique et -4,4% de nuitées alors que les derniers indicateurs disponibles témoignent de l'amélioration des revenus du secteur. Ainsi et à la lumière de ces développements, le taux de croissance attendu en Tunisie a été révisé à 2,8% en 2014 et 3,5% en 2015. Pour ce qui est du secteur extérieur, le Conseil a exprimé de nouveau son inquiétude quant à la poursuite de l'élargissement du déficit courant ayant atteint 5,3% du PIB au cours du premier semestre 2014 contre 4,4% pour la même période de 2013, sous l'effet surtout de la poursuite de la détérioration du déficit des échanges commerciaux avec l'extérieur notamment pour l'énergie et les produits alimentaires. Cette situation a participé à la persistance des pressions sur le niveau des avoirs nets en devises, qui a été malgré tout renforcée à la fin du mois de juillet dernier pour atteindre 12.085 MDT ou l'équivalent de 108 jours d'importation, en date du 31 juillet, contre 106 jours au terme de l'année 2013 et ceci grâce au prêt de 500 millions de dollars (garanti par les Etats Unis). Au niveau de l'évolution des prix, le Conseil a exprimé ses craintes quant à l'apparition de signes de résurgence des tensions inflationnistes après une certaine période de détente. En effet, l'indice général des prix à la consommation a poursuivi sa hausse passant de 5,7% en avril dernier à 6% juillet 2014, sous l'effet la hausse des prix des produits alimentaires frais. Les prix produits hors énergie et alimentaire ont eux aussi enregistré une hausse passant de 4,2% en juin à 4,6% en juillet. En revanche, et lors de l'analyse de l'évolution de l'activité du secteur bancaire, le Conseil a noté une amélioration du rythme d'accroissement des dépôts durant le premier semestre 2014 (3,4% contre 2% pour la même période de 2013), accompagné d'une évolution plus rapide des concours à l'économie durant la même période (5% contre 3,1% l'an passé). S'agissant des dernières évolutions monétaires, le Conseil a relevé l'accroissement des besoins en liquidités des banques à un rythme accéléré au cours du mois de juillet 2014, ce qui a entraîné une intervention de la Banque Centrale pour réguler la liquidité à hauteur de 5,489 milliards de dinars en moyenne quotidienne, contre 5,581 milliards en juin dernier. Parallèlement, le taux d'intérêt moyen sur le marché monétaire est passé de 4,78% à 4,98% entre juin et juillet 2014. Sur le marché des changes, le Conseil a souligné la dépréciation de la valeur du dinar, durant le mois de juillet courant, vis-à-vis du dollar américain et sa stabilisation par rapport à l'euro, avec des taux de change atteignant respectivement de 1,7184 dinars et 2,3031 dinars, au 23 du même mois. Par rapport au début de l'année, la valeur du dinar a baissé de 1,6% par rapport à l'euro et de 4,2% contre le dollar. A la lumière de ces évolutions et considérant les dernières évolutions sécuritaires intérieures et régionales, le Conseil a exprimé sa préoccupation face aux répercussions possibles sur la situation économique et sur les équilibres financiers importants du pays, appelant toutes les parties concernées à une plus grande vigilance. Il a, également, décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale.