Le président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri, a adressé une lettre ouverte au ministre de la Justice dans laquelle il se plaint de la passivité du ministère public qui, selon lui, a fermé les yeux sur le voyage de l'homme d'affaires Chafik Jarraya en Libye où « il avait rencontré des personnalités suspectées de terrorisme alors que les attaques terroristes se multiplient dans notre pays ». Un voyage qui a perverti, d'après M. Bghouri, l'image du journalisme tunisien. Rappelons que certains journalistes tunisiens ont fait le déplacement avec M. Jarraya au cours de ce voyage. Dans sa lettre, le président de la SNJT dénonce « la nonchalance » du ministère public. Celle-ci a encouragé, dit-il, « le prénommé Chafik Jarraya » à continuer d'agresser verbalement les journalistes et les activistes de la société civile.
M. Bghouri relève aussi que le concerné a noué de fortes relations avec des groupes terroristes en Libye. Ce qui est contraire à la loi, notamment puisqu'il s'agit de groupes impliqués dans l'enlèvement de diplomates tunisiens ainsi que dans la torture de plusieurs de nos concitoyens.
Chafik Jarraya a également fait croire, selon la lettre, qu'il était le missionnaire officiel de l'Etat tunisien en utilisant le drapeau tunisien lors de ces rencontres en Libye. « Ainsi, porte-t-il clairement atteinte à la souveraineté nationale », affirme la missive.
Néji Bghouri rappelle, dans sa lettre, que le parquet s'était dépêché à incarcérer des journalistes pour avoir usurpé la qualité du chef de l'Etat alors que dans une affaire similaire, où M. Jarraya déclare à tort avoir parlé avec le président de la République au sujet de son voyage en Libye, le ministère public ne réagit pas, pourtant il s'agit d'une déclaration filmée et la présidence de la République avait publié un démenti dans ce sens.
Le ministère public « s'est également tu face aux accusations lancées contre le journaliste Sofiène Ben Hamida et l'équipe de la chaîne Attassia. Des accusations qui pourraient menacer leur vie et leur intégrité physique ». Le président du SNJT demande, par ailleurs, de savoir où on est par rapport aux plaintes déposées près du parquet à l'encontre de Cahfik Jarraya par la commission nationale d'investigation. « Celles-ci sont restées sans réponses ».
A la fin de sa lettre, Néji Bghouri indique que si la loi n'est pas appliquée, le SNJT sera « poussé » à se rapporter aux organisations de presse internationales pour dénoncer « ce silence du ministère public qui, s'il persiste, sera de l'ordre de la connivence ».